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Folies en folio (Chapitre 1)

Un auteur de littérature érotique échange par mail avec l'une de ses lectrices. Elle lui lancera un défi.

Proposée le 19/07/2016 par Sam

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Thème: Jeu érotique
Personnages: FH
Lieu: A la maison, intime
Type: Fantasme


Folies en folio (Chapitre 1)
Par Sam Senzo

Deux mois déjà que j’échangeais avec Cathy par mail sans même l’avoir rencontrée. J’avais l’impression de tout connaître d’elle : ses doutes, ses certitudes, ses rêves, ses désillusions. Je savais tout de son cœur, mais rien de son corps. Était-ce le désir d’inconnu ? D’aventure ? Étais-je épris du mystère qui enveloppait son enveloppe charnelle ? Je ne pouvais le dire. Pourtant, je ne pouvais nier l’évidence : elle m’attirait. Sans même savoir si elle me plaisait, je la désirais.
Auteur de nouvelles érotiques depuis dix ans déjà, je n’avais pas pour habitude d’échanger avec mes lecteurs autrement que par de très brefs échanges formels lors d’interminables séances de dédicaces. Un exercice harassant auquel je me pliais plus par dévotion vis-à-vis de mon éditeur que par réelle communion avec mes admirateurs, pourtant toujours nombreux et chaleureux. J’avais toujours regretté ce manque d’interaction avec des personnes qui avaient pris le temps de suivre le fil de mon intimité. Mes fantasmes, quoique romancés, s’écrivaient sur une page plus sombre de moi-même. Jamais je n’aurais pu imaginer que ma libido débridée envoutât tant de monde. Aussi, j’avais décidé d’entrouvrir une porte sur mon quotidien d’écrivain, via un blog journalier. N’importe qui pouvait commenter mes billets ou même m’écrire sur une messagerie dédiée.
L’initiative n’avait pas manqué de succès. Des centaines de messages affluaient chaque jour parmi lesquels des remerciements, des témoignages d’admiration, des insultes, mais aussi quelques demandes en mariage. Je lisais toutes ces missives 2.0 avec respect, mais sans très grand intérêt, tant les messages évoquaient, peu ou prou, les mêmes leitmotivs émotionnels. Les internautes, couverts d’anonymat, débrident leurs impressions ; bonnes ou mauvaises. J’avais fini par relever de moins en moins les messages et espacer de plus en plus mes réponses à mes fidèles admirateurs ; jusqu’à ce samedi soir où je reçus un message de Cathy.
À l’ouverture de l’E.Mail, je découvris non plus la froideur d’un courrier électronique, mais une véritable lettre à la police soigneusement choisie. Dans un style à la fois sensuel et littéraire, elle me confiait à quel point mes livres avaient changé sa vie. Mariée des années durant avec un homme aussi présent qu’un courant d’air, elle avait vécu, avec lui, une vie sexuelle dénuée de plaisir et de fantaisies. Elle devait se contenter du minimum syndical, une fois par mois, lumière éteinte et missionnaire pour tout Kama Sutra. Si l’on considère que les hommes restent, pour la majorité, des pénis ambulants, ce spécimen-ci accomplissait son devoir conjugal avec la régularité d’une horloge suisse et la folie d’un chargé de mission au ministère des Finances. Autrement dit, ils faisaient l’amour comme on ferait n’importe quoi d’autre. Cathy avait profité de son divorce pour aller chercher ce qu’on ne lui avait jamais offert : le plaisir. Elle avait commencé à lire de la littérature érotique pour éveiller ses sens et, après être tombée sur l’un de mes recueils de nouvelles, elle avait dévoré, sans complexes les autres volumes de mon œuvre encore à construire. Sa lettre, fine, lucide, touchante, m’avait incité à lui répondre de manière plus intimiste que je ne le faisais d’habitude.
Après quelques jours d’échanges épistolaires numériques, on avait commencé à tisser des liens très forts et chacun attendait le courriel de l’autre comme un premier rendez-vous. Je lui racontais des bribes de ma vie, comment j’en étais venu à devenir auteur érotique et mes projets littéraires. En cours d’écriture de mon prochain recueil, je lui envoyais chaque nouveau texte pour le soumettre à son appréciation. Une expérience enrichissante puisque je bénéficiais autant d’un avis immédiat sur mes créations que d’une source d’inspiration inépuisable. Bientôt, Cathy n’hésitait plus à me révéler ses fantasmes, ses positions préférées, ses zones les plus érogènes. J’osai alors une question cavalière :

— « Je peux te poser une question, disons quelque peu intime ? »

— « Essaye ! Tu verras bien ! »
(J’aimais la répartie de sa réponse)

— « Voilà, j’ai toujours voulu savoir si mes écrits faisaient de l’effet sur mes lectrices. »

— « En gros, tu voudrais savoir si je me suis déjà caressée en te lisant. »

— « Oui. Enfin, tu n’es pas obligée de répondre. »

— « J’imagine que tu poses cette question pour les besoins de ton travail ? »

— « Oui et non. Je voudrais surtout savoir si les mots peuvent encore rivaliser avec le pouvoir des images pour ce qui est de l’érotisme. »

— « Et bien, sache que tes mots me touchent au plus haut point. » (Et dans tous les sens du terme)

— « Tu vas me faire rougir. En tout cas, c’est le plus beau compliment que l’on puisse me faire. »

Je devais l’admettre. Savoir qu’elle se touchait en lisant mes histoires m’excitait.

— « Et moi, je peux te poser une question intime ? »

— « Essaye ! Tu verras bien ! »

— « Il t’arrive de te masturber quand tu écris ? »

— « C’est une bonne question. Quand j’écris, je suis pris dans mon truc. J’essaie de rester concentré, mais souvent je bande au fil de l’histoire. Par contre, après l’écriture, j’aime me soulager en repensant à ce que j’ai écrit. »

— « Hummmmmmmmmmmm ! »

— « Ça t’excite de savoir ça ?

— “Disons que ça me donnera encore plus envie de te lire.”

— “Et moi ça m’aidera à écrire de savoir que tu te doigtes en me lisant”

— “Tu sais ce que j’aimerais ?”
— “Dis-moi !”
— “J’aimerais qu’un jour on se rencontre en chair et en os, que tu me lises ta dernière nouvelle et que tu voies en direct l’effet de ta plume sur ta plus fidèle lectrice.”
— “Hummmm ! Ça vaut tous les prix littéraires du monde ça.”
— “Écris une nouvelle juste pour ce moment ! Offre-moi cet inédit !”
— “C’est un challenge très motivant. Marché conclut. J’écris un texte et une fois ma copie achevée, je t’invite chez moi pour t’en offrir la primeur.”
— “J’ai hâte que tu écrives !”
— “Et moi que tu te caresses !”

À suivre………


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