Soudain, à la sortie de la douche, j’entends un bruit biscornu. Ça vient de la fenêtre. Une tronçonneuse peut-être? (...). Ou un ultra léger en altitude? (...) Puis le son me devient familier. Le drone de mon voisin, l’autre côté du boisé!!!
Proposée le 15/09/2025 par El Niño
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Thème: Première fois
Personnages: FH
Lieu: A la maison, intime
Type: Fantasme
Vendredi.
Journée turbulente au collège. Fin de journée, fin de session, fin d’année, fin de toutes les patiences. Des étudiants saturés, tous pressés de tomber en vacances. Et des profs de même. Chaleur accablante. Humidité écrasante. Je décapsule un pétillant bien froid pour me rafraichir. Ou m’étourdir, c’est tout comme. Les bulles me titillent les narines, puis la gorge. Je les sens descendre, je les entends presque. Le soleil agonit subtilement sur la rivière.
Une longue douche. Chaude. Très chaude. Jets puissants pour masser nuque, dos, fesses, jambes. Du savon. Beaucoup de savon. Je me sens un peu grasse. Sale du vacarme. De la poussière des casiers. Du tapage des nouvelles et des turbulences géopolitiques. Des bouffons en général. Je déteste le bruit, surtout l’inutile et le volontaire.
L’eau chaude et son feulement de ru discret me ramènent goutte à goutte à moi. Je caresse mes seins avec le savon. Je laisse l’eau chaude rigoler longtemps sur mes parois, mes crevasses de chair. Comme de cuisiner la peau pour attendrir la dépouille tendue à la sortie du collège. À défaut d’un massage tantrique dont je rêve depuis des lunes. Ça y est, le réservoir d’eau chaude est mort et moi je reprends vie sous l’eau tiède, puis froide. Je redeviens un être pensant. Je ferme le tout.
Soudain, à la sortie de la douche, j’entends un bruit biscornu. Ça vient de la fenêtre. Une tronçonneuse peut-être? C’est fréquent ici depuis quelques temps, de vieux arbres devant être abattus. Ou un ultra léger en altitude? Plus fréquent à cause des cultures de soya avoisinantes. Puis le son me devient familier. Le drone de mon voisin, l’autre côté du boisé! Il m`a déjà fait une petite démonstration de son jouet. Il s’en sert pour publier sur la page Facebook du village des photos d’aurores boréales à l’automne ou de couchers de soleil sur la rivière. El Nino, son pseudo. Je ne connais pas son vrai nom. Un beau gars. Ce sont les seuls mots d’espagnol qu’il connaisse d’ailleurs. Il n’oserait jamais espionner les gens, m’a-t-il dit au premier essai de son appareil. Dois-je le croire?
Encore dégoulinante, je distingue dans la fenêtre embuée les clignotants de son bruyant Phantom 4. Des flashs derrière la vitre voilée par l’humidité. L’engin est en position stationnaire. Phares de position rouges et verts. À peine visible dans la buée, une caméra sur cardan braquée dans ma direction, oscillant à peine dans la brise légère qui frôle le mur extérieur. J’ai le réflexe de me couvrir de la longue chevelure qui me tombe aux fesses. Mais comme la fenêtre est en partie masquée par la condensation, je ne le fais pas, pour une raison que je n’arrive pas trop à m’expliquer. Au contraire, je les écarte. Curiosité? Provocation? C’est excitant. Il ne me voit pas vraiment. L’image doit être floutée.
Le petit quadrimoteur se dandine sur place, je vais m’accouder sur le revers de la fenêtre pour l’étudier. Il furète. La lentille sur cardan me cherche. Une conversation insolite s’amorce. Devant une caméra, nous nous mettons tous à jouer, vous avez remarqué? Braquez votre téléphone intelligent sur quelqu’un et vous aurez la réaction immédiate d’un comédien. Nous devenons les acteurs de quelque chose ou de quelqu’un, nous nous fixons dans des rôles. La lentille nous titille la curiosité. Celle-là plus que les autres, évidemment, car elle défie la méfiance. Sous l’effet de ma lumière, elle brille dans sa demi obscurité. C’est plus que le verre d’une lentille, c’est la pupille d’un œil curieux, qui cherche à voir. Pas n’importe quel curieux, un drone, c’est l’œil de quelqu’un.
Fermer le store ou jouer? Je décide de jouer. La fenêtre embuée, il ne voit qu’un vague spectre de moi. Je m’invente donc une gestuelle, des grimaces, des positions, des mimiques. Je m’improvise une chorégraphie en kaléidoscope. C’est une inquisitrice, cette caméra, elle pose des questions, mais ne répond à aucune. Bruyante et totalement indiscrète, elle m’oblige à révéler un élément secret de ma personnalité. Goût de la provocation? Goût de l’exhibition narcissique? Moi ça? Pas possible, et pourtant…. Le regard un peu lubrique de certains étudiants me le laisse supposer, tout au plus. Je fais peut-être cliquer les fantasmes. À mon milieu de travail, je suis régie par des codes très sévères. Un prof, socialement, c’est un code d’éthique en soi.
J’avance un doigt pour y dessiner dans la buée l’œil d’un émoji. Souriant ou fâché? J’aurais raison de le faire en colère. Le voyeurisme, c’est criminel. Je m’en fous. L’œil voyeur doit voir ce doigt s’agiter. Étrange dialogue. Les clignotants se collent davantage à la vitre au point de la toucher des hélices. Comme s’il voulait que je tranche. Puis il recule. L’icône sera souriant. Là, c’est du consentement, que je me dis. Attention ma petite, faudra en donner plus maintenant. Je lui fais aussi un œil fermé. Menaçant, pour lui faire comprendre mon hésitation. Avec de gros cils. Effet raté, on dirait un clin d’œil. Le drone agite ses ailes. Il aime! Merde, ce n’est pas l’effet escompté. La vitre est comme la feuille d’une aquarelle trop humide. Les couleurs s’égarent ici et là. Il faut la laisser se réhumidifier et revenir.
Le corps collé au mur moite, mon épiderme réagit. Ça y est, me voilà un peu agace-pissette. La petite confidente porno sur Wyylde lisant à poil devant sa caméra les mots racoleurs des solitaires en mal de peau, en train d’encourager les mains à varloper les sexes en rut.
Comme les doigts de mon voisin scotchés à ses manettes ??
Ma respiration est saccadée, le cœur s’emballe un peu. Cocktail plaisir et peur. Personnage de vidéo X amateur, que je pourrais voir sur des sites pornos! Merde! je devrai avertir ce con de ne pas faire ça. Ma carrière partirait en vrille. Demain, dans la salle des profs puis dans les longs corridors bruyants, j’irai au-devant des regards pour y traquer les sourires narquois …ou l’ignorance.
Basta! Je suis ailleurs. Les yeux rivés sur la lentille fureteuse, je me décolle du mur pour frôler mes bouts. Cette fois, je ne suis plus dans le porno, mais dans l’autosatisfaction. Comme j’aime le faire entre mes draps, je les touche simultanément avec le pouce et l’index de la main gauche. Pour faire monter le plaisir, les connecter ainsi et les frotter de gauche à droite, doucement. Un peu de savon de douche résiduel les fait glisser en douceur. Dans la fenêtre, une autre que moi, plus perverse encore, veut ouvrir l’œil de l’émoji que l’humidité commence à voiler de nouveau. Y ajouter un sourire. Timide d’abord. À agrandir plus tard. Une œuvre à terminer.
La caméra s’approche de mon ébauche de dessin. Il y a place pour la création. Nous sommes tous des enfants, non? Souriez, faites des grimaces! D’autant que ce petit jeu à relent sexuel m’excite au plus haut point. Agrandir la bouche, toute grande. Que voit-il de ma nudité là-bas, au-delà des arbres, sur son écran de smartphone ou de tablette, dehors dans l’humidité, la tête vissée sur l’image imparfaite, trop petite. La pensée fait sourire. J’ai envie de le faire souffrir.
Que pense-t-il de mon dérapage exhibitionniste? Me faire zieuter par un drone, jamais pensé à ça auparavant. Ce voisin a déjà attiré mon attention. Juste un peu. Il est beau gars, disons ça comme ça. Il a souvent des visites féminines. Mais là, c’est la situation qui est différente. Un fantasme qu'éveille sur ma peau moite une douche chaude plus longue que d’habitude.
De la main droite, j’ajoute un élément de débauche à mon ébauche. Un petit cœur sur une joue. Puis un sur l’autre. La fenêtre devient un tableau. Plus Picasso que Van Gogh, s’entend. Je vois la caméra osciller à la verticale, pour voir plus bas, comme en signe d’approbation. Puis monter un peu, comme pour la vue en plongée, je suppose. Il doit mal voir en demi-teintes mes tétons pointus et durs. Alors j’essuie la vitre à nouveau pour améliorer le direct.
Le manège est excitant. L’exhibitionnisme éveille des zones de chaleur. Jouer avec lui. Me jouer de lui. Agrandir l’émoji. Voilà un hublot pour voyeur. Le Titanic pourra couler plus tard si ça lui chante. Tout va bien, il n’y a pas danger. Me restera qu’à signer l’œuvre. J’essuie vigoureusement et ostensiblement mes seins avec la serviette, les faisant rebondir par vagues, rouler à gauche puis à droite. Petits pas de danse pour appuyer le roulis. Lui en mettre plein la vue… avant le naufrage.
Et si j’attisais le feu par un message? Peut-il lire sur mes lèvres? Articuler lentement, comme pour le langage des signes, et mimer les mots par des gestes allusifs. Je me mets à l’alphabet des sourds. Je joue à celle qui sait. Main ouverte, doigt accusateur, doigt enroulé. Je sais qui tu es, bonhomme. Pas facile de se faire aller le facies pour visualiser pareil concept. Regarde mon majeur, il te dit que tu es mon voisin. Je pense même que tu veux d’autres dessins, hein? D’autres dessins pour mettre à plat la batterie de ton drone et le faire crasher.
Comme dans ma classe les matins de tempête, je fixe dans les yeux l’ado qui s’énerve. Ici, dans ma fenêtre givrée, je fixe une caméra. Je te parle, spectateur anonyme accroché à ton petit écran de voyeur. Je t’imagine en train de t’y vautrer dans tes petites vidéos XXX du soir, l’esprit scotché aux algorithmes, la main pompeuse accrochée à ta bite turgescente et le doigt furetant sur le flux des miniatures aguichantes. Mais ce soir, ce sera peut-être moi la poupée ruisselante dans le halo d’humidité d’une salle de bain biglée par ton drone.
Me savoir zieutée m’agace, me titille le culot. Lui qui me piste, moi qui l’agace. Il n’entrevoit de ma nudité qu’épaules et tête. Et encore là, à travers une vitre floutée de toute l’humidité ambiante. J’ai le goût de forcer un peu le scénario. (Demain je passerai chez lui pour lui interdire de mettre ça sur le web). Mais la partie est trop belle, je lui esquisse un sourire espiègle, essayant de m’imaginer la tête qu’il fait. Est-il en train de se branler? Ce qui expliquerait les légers soubresauts de l’appareil. J’en serais flattée.
« Le drone est aujourd’hui un fantasme actualisé de l’œil de Dieu, celui capable de tout voir » (Jean-François Nadeau, journal Le Devoir).
Cette pensée devrait m’effrayer, non? Malin plaisir à juste y penser. Je m’empare d’un banc pour monter à la fenêtre. Tout lui montrer... Pourvu qu’il n’enregistre pas, le malin! Demain, je vais le sommer de garder ça pour lui. Quelle imprudence! Merde le beau risque. C’est comme passer trop près d’une borne fontaine, prendre un virage serré, foncer sur un chien qui veut vous snipper le bras dans ses mâchoires, c’est tout moi ça… J’essuie encore la vitre pour qu’il ne manque rien. Il est parti.
Samedi
Ce matin, j’ai sorti la tondeuse pour accompagner celle du voisin. En juin, il tond son gazon trois fois par semaine, le con. Une vraie obsession chez lui. Rien ne doit dépasser de la carpette verte qu’il s’est inventée.
Dans la journée, des véhicules ont empli son entrée. Il doit se préparer à une petite soirée de musique avec son band. Ils jouent toujours les mêmes morceaux : un peu de Genesis, un peu de… Pas mon style vraiment.
Dimanche... Suite)
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