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La photographe aérienne

As-tu déjà initié une conversation avec une photographe pas canon du tout, spécialisée en clichés aériens ? Pas canon, mais un corps... As-tu déjà essayé ça dans un club échangiste devant un film porno banal et ennuyeux?

Proposée le 14/08/2023 par El Niño

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Thème: pratiques sexuelles
Personnages: FH
Lieu: Sauna, club, sexe shop
Type: Fantasme


La femme-avion

J’ai eu un soir cette conférence spéciale avec une photographe non moins spéciale. Elle bossait dans la photographie aérienne. Comme j’utilise beaucoup la photographie satellitaire pour faire des cartes marines électroniques de Cuba, nos compétences se sont rencontrées de façon fortuite mais plutôt agréable.

Au premier regard, une personne peut ne pas vous paraître jolie. Mais une conversation peut vite se métamorphoser en autre chose, surtout si elle se tient dans un club échangiste devant un film XXX. Elle n’était pas particulièrement percutante, mais un corps présument bien proportionné semblait couver sous la serviette blanche. C’est du moins ce que laissaient voir ses longues jambes de gazelle et ses bras sinueux de danseuse.

Efflanqués sur les banquettes blanches du club échangiste, nous regardons donc avec d’autres zieuteurs un porno plutôt banal. Banal pour moi dans ce cas, ça veut dire prises de vue prévisibles, vêtements et maquillages outranciers, jouissance sonore et feinte et, par-dessus tout, cette foutue manie de plaquer en de trop longues séquences la caméra sur une bite qui entre et sort d’un trou et ce mécaniquement comme un piston de moteur diesel dans sa bielle. Je me mets donc à deviser seul sur le film devant des spectateurs muets et visiblement ahuris de voir un quidam à moitié nu soliloquer des commentaires de nature esthétique sur un film de cul.

- Moi, je ne ferais pas ça comme ça. Je reculerais la caméra pour mettre en valeur cette scène de levrette qui….
- …Moi aussi, je ferais ça.
- …
- D’abord un plan moyen de profile pour faire ressortir le sexe du gars au moment où il s’introduit entre les fesses de la fille. Puis je ferais un plan aérien de la levrette…
- …
- Dans un plan de profile, moi j’insisterais en mode ralenti sur l’introduction du pénis. Il faut suggérer, pas seulement montrer.
- Oui, en plein ça, laisser la voyeuse que je suis ressentir intensément le moment que je préfère entre tous, la pénétration d’une queue inopinée. «Improbable» serait le mot juste.

Je tourne la tête vers la fille qui a dit ça. Elle est assise nonchalamment dans le coin. Elle porte des lunettes rondes de nird. Nez retroussé, front saillant sous une coupe carrée. Pas trop canon, la Marcie du coin. Le nom m’a sauté à l’imaginaire. Marcie, ce personnage coincé, dans la panoplie des personnages de Charlie Brown. Elle en a même un peu la voix caverneuse des fumeurs et le débit des esprits lents. Mais la comparaison s’arrête là, car elle a la réplique agile. Elle s’est introduite dans mon soliloque avec une telle désinvolture et un si pétillant naturel que je n’ai pas vu mon érection poindre par l’échancrure de la serviette que j’avais fermée sur le devant et non sur le côté comme d’habitude.

- On dirait que de parler esthétique devant un porno vous fait réagir pas juste du cerveau.
- En effet, excusez moi. Cette maudite serviette est trop petite, on dirait. Effectivement, chez moi, les genres se mélangent. Photo, porno, cerveau, tout se tient, si on se laisse aller, non?
-
Non, vraiment elle a une tête que je n’aurais pas du tout remarquée dans la rue. Une tête indétectable par les chercheurs de proies nocturnes, ni diurnes d’ailleurs. Mais la situation est telle que je me mets à la draguer un peu, par remarques interposées sur le film. Le sexe mène à tout, enfin je crois. Je suis mâle, moi, qu’on me pardonne, hein?

De la pornographie à cinq cents, je me mets à parler de la photographie satellitaire de Google et de Bing, qui permet de zoomer sur les grands bancs de sable et de corail des Bahamas et de Cuba. J’achève les cartes nautiques de Cuba. Les cayos, les récifs de corail où plonger, les routes sous la protection des barrières de récifs, c’est moi.

- À certains moments, je peux identifier les profondeurs simplement en les graduant par la couleur de l’eau.
- Comment faites-vous ça?
- Pâle, c’est environ 2 mètres. Plus pâle, c’est un mètre ou moins pour les bancs à fleur d’eau.
- Et plus foncé?
- Plus sombre, c’est 3, 4 ou 5 mètres, genre pour un chenal que peuvent emprunter les bateaux de façon sécuritaire. On peut même voir parfois le sillage des embarcations, tellement ces caméras sont puissantes.
- Je te crois, poursuit elle en me tutoyant soudainement et en remontant sur le nez ses fonds de bouteille. (Décidément, elle n’est pas canon!) Je fais de la photographie spécialisée en avion pour des villes qui veulent faire caractériser leur territoire. C’est d’une précision, tu peux pas savoir!

Elle a dit ça en décroisant les jambes. Je crois qu’elle se réchauffe elle aussi. Je n’aime pas son nez, non décidément, mais elle a d’adorables genoux, un peu effilés comme ceux d’un mannequin. Je lui pose donc des questions plutôt techniques sur la sensibilité de ses appareils, le choix des filtres, les ouvertures par différentes conditions météo, les vibrations de l’avion et les turbulences qui doivent ajouter des difficultés supplémentaires… Le porno nous gave de Oh! et de ah! Les «turbulescences» succèdent aux turbulences. Quelle plaisir ces discussions sérieuses aromatisées de cul.

Elle aime mes questions car je m’adresse à son cerveau. Cette fille est une cérébrale par quoi tout passe, j’en suis sûr. De détail en détail, ses mains s’agitent, sa serviette se distend. Est-ce volontaire? Quel plaisir de simplement y penser! Peu à peu les genoux laissent voir un peu de cuisse, les bras, un peu de poitrine. Oh très discrètement. D’abord un peu d’échancrure au bas du cou et de légers rebondissements charnus de chaque côté. Puis un peu moins de genoux et un peu plus de cuisse. Et un peu plus de rondeurs. Pourvu qu’elle parle encore. Parler. Parler. Faisons-la gesticuler, que diable..

Elle explique les positions à adopter sur le siège de l’appareil. Elle mime la pose en se penchant pour mimer le sujet. Je vise la petite vallée qui se creuse au centre de la serviette. Elle fait vibrer d’abord sa caméra pour suggérer l’image sautillante. Sa serviette sautille elle aussi, et ses formes bougent. Mais elle la pose sur un gyrocompas imaginaire baignant dans l’huile et, les images se stabilisant, sa poitrine ne saute plus. L’image est stable. Un peu dommage. J’ai envie de lui faire répéter la démonstration. J’ai gagné quelques centimètres de serviette. Le haut de sa poitrine s’est révélé. J’en espère d’autres. Le jeu est bandant. Elle sait ce qu’elle fait, la gueuse!

Soudain avec les mains qui partent en vrille et miment l’hélice, je gagne au moins cinq autres centimètres. Quel beau jeu! Le dévoilement progressif semble se synchroniser au nombre de mots et aux sourires. Striptease érotico-intellectuel. Elle a de grands gestes, de longs doigts de pianiste qui dessinent dans la soirée porno de blanches voilures d’avion… Elle étend ses ailes pour illustrer les turbulences. Sous les ailes brillent des aisselles fraîchement rasées. L’aile gauche menace de percuter mon front. Instinctivement, ma bouche s’avance pour recevoir un fragment d’empennage. Elle évite. Bonne pilote en plus!

Ma serviette n’arrive plus à tout contenir. Mes mains viennent à la rescousse pour lui faire écran. Ce que les yeux maintenant rieurs de ma photographe aérienne se mettent à viser peu à peu. Prête pour un clos up ou un gros plan rapproché, à choisir. Les Ho et les Ha du moniteur-vidéo sont en voix off, des yeux de plus en plus nombreux, de plus en plus insistants des occupants des autres banquettes convergent vers ma photo-planeuse. La serviette est descendue d’un bon dix centimètres quand elle a failli s’envoler. La ligne de la dernière séance de bronzage s’affirme. Pourvu qu’elle crashe, que je la recueille sur mon tarmac, prêt pour les premiers soins. J’ai suivi le cours RCR. Prêt pour le bouche-à bouche. Ici la tour de contrôle, vous pouvez atterrir, Marcie. Je surveille de près les turbulences et les coups de manche à ballet, car à chacun d’eux, je gagne un centimètre en haut et un autre en bas. Un centimètre à la fois, que j’achète en mots. Pas cher payés pour le plaisir ajouté.

Peu à peu, je me mets à l’écouter et à alimenter le flot de ses détails en vérifiant par petites pressions l’attention de ma queue en feu. Sa serviette continue à rapetisser comme peau de chagrin. Ses cuisses prennent des dimensions d’autoroute annonçant de somptueuses fesses. Ses vallons deviennent de vrais seins, bordel ! Parle. Parle. Que cette serviette s’ouvre comme le calice d’un œillet géant sur les atouts de cette sœur volante. Dans combien de questions va-t-elle éclater? Par où attaquer maintenant? Donnez-moi des idées!

Alors je tente de m’intéresser à d’éventuelles photos d’intimité prises hors contrat-de-caractérisation. Fait-elle des zooms voyeurs sur des baignades intégrales ou des camps de nudistes? Elle me surprend en donnant quelques exemples. Je vois ses yeux zoomer sur ma queue prête à bondir, elle dont j’ai laissé sortir du nid la tête pour respirer un peu d’air porno.

La bouche de mon aérienne émet des sons. Je suis sourd, car son regard est rivé sur mes doigts qui ont adopté un mouvement non équivoque pour soutenir le rythme de ses syllabes. Je vois le dos de ses mains frôler ses cuisses et descendre sous la serviette, qui ne cache presque plus rien. La ligne de bronzage est maintenant nette comme une ligne de court de tennis. La chute de ses bras va-t-elle entraîner une réaction en chaîne vers le bas, découvrant de fabuleux trésors qui me chavireront le cœur?

Non, l’avalanche n’a pas emporté dans sa félonne glissade un pan de de sa cloison blanche. Les mains ont évité le beau branlebas, qui aurait sans doute monopolisé la confluence des yeux tout autour. Il manquait des mots encore. Des mots sonores. Des mimiques. Avec plein de bras dessinateurs d’explications. Je croyais voir apparaître enfin un bout. Pas encore. Je lui pose d’autres perfides questions. Elle parle. Parle. Et ses grands doigts ébauchent d’autres arabesques. La peau de chagrin diminue encore. Je regarde, j’essaie de deviner, je travaille fort. La toile blanche glisse encore un peu, mais résiste.

J’ai soudain peur. Peur qu’elle la relève dans un moment de lucidité. Dans un soudain réflexe de pudeur. Elle ne le fait pas. Elle tergiverse avec les ondes de sexe et les sonorités sensuelles ambiantes de la salle. Je suis sûr qu’elle le sait. Pas conne, la fille. Alors je la bombarde à nouveau de questions pointues sur son métier. Je nourris son cerveau et elle aime ça. C’est une femme intelligente. Ses sens passent par les plaisirs cérébraux. Je me dis que cette femme-là, au lit, doit commenter verbalement chacune des phases du coït. J’ai connu ça. Écoute ça :

- Oh! Tu as un bon machin. Tu as envie de moi, hein? Vas-y doucement, hein? Prends ton temps, hein? On fait ça ensemble. Attends-moi, hein? Vas pas trop vite, je ne lubrifie pas encore assez. Attends. Ok. Tu peux y aller, là. Un peu à gauche. Doucement. Tu y es. Je te sens bien. Tu aimes? Oh. je lubrifie bien. Merde, je lubrifie trop. Je lubrifie toujours trop. Tu me sens plus, hein? Moi non plus, je t’ai perdu. Ah c’est plate. Je suis désolée. Ce sera mieux la prochaine fois… C’est normal… Bla bla bla.

Mais que sais-je de tout ça? Ici et maintenant, y a que cette foutues serviette bientôt révélatrice du reste. Ça me plaît de mêler les histoires de cul aux histoires de photos aériennes. L’altitude et le plancher des veaux se rejoignent. La vue en hauteur change le point de vue.

- T’as quelque chose contre ça?

Puis le miracle se produit. Elle se tait, la Marcie. Oh que c’est bon! Elle joue des orteils. Changement de registre. Elle se met à les écarteler et à les faire remuer individuellement. Sa serviette est en sécurité. C’est bon, ce jeu d’orteils. Je fais pareil. Enfin j’essaie. Elle est plus souple que moi. Des bijoux, ces ongles d’orteils colorés de roses. Elle a dû voir Barbie, le film. Pas capable. Mon cerveau a refusé le compromis rose. C’est trop nul. Mon pied entre dans le jeu. Il prend des libertés. Il se rapproche du sien et le touche pour se comparer. Il en tombe soudain amoureux. Des pieds qui se colletaillent, c’est joli. Nos orteils se regardent, se sentent, se croisent, s’embrassent, se cherchent, se repoussent. Les cuisses s’ouvrent. Une toison apparaît. Des bouts de sein se révèlent. Quelles petites merveilles! Ma serviette va s’écraser au bas de la banquette dans un frou frou pas rapport. La sienne l’y rejoint, comme épousailles annoncées. Belles catastrophes! Ses mains s’agitent entre ses cuisses. Les miennes l’imitent.

Elle ne parle plus. Elle regarde mes cuisses de cyclistes.
- …
- Oh c’est beau ça!

Elle tombe amoureuse de mes cuisses de grenouille et nos jambes maintenant amantes s’entrecroisent, s’aiment. Des jambes qui s’aiment, as-tu jamais vu ça? Nous sommes face à face, Comme deux escrimeurs. Ces jambes-là sont des bijoux. Elles devraient être exposées dans un musée.

- Un musée de jambes, ça existe?
- ….

Je suis hors sujet, je sais. Mais la question l’a déconnectée de son foutu autogire, un engin dont elle se sert dans l’avion pour annuler l’effet des turbulences. Nos bassins-gyroscopes se sont rapprochés. Les doigts ajustent les lentilles. Les sexes s’excitent. Enserviettée tout à l’heure, elle n’était pas particulièrement céleste. Elle l’est maintenant. Maintenant que sa bouche a pris une teinte de rosée, que nos lèvres se sont trouvées dans son haleine de menthe.

- Ça sent le sexe icitte! Chantent Loco Locass.
- C’est quoi, les Loco patente?
- Un bon groupe de rappeurs québécois. Tu prononces L-o-c-o L-o-c-a-s-s

Nous mâchouillons des niaiseries avec nos bouches saoules de langues qui copulent. Nos bassins se reniflent comme chiens de promenade. Ses seins me vrillent la poitrine. Je les attaque. De toutes mes mains. D’autres se joignent aux miennes. Une pluie de mains. Puis un défilé de phallus. Le mien est en rut. Plus que ceux des autres. On se dirait au festival de la Fierté Gaie à Montréal.

Je saisis ses fesses pour l’empaler sur moi. Dieu qu’on est forts, rendus là, nous les géniteurs à capotes. Je l’embroche donc doucement sur mon éperon, comme une brochette de morue trop tendre. Elle «lubrifie» fort bien, ma Marcie à fonds de bouteilles. Pas trop. Juste bien. Je vise bien. Centre à centre. Une œuvre d’art de sensualité. Je suis dans le Trou de la Fée de Desbiens. Ne manque que la lampe frontale, le casque de sécurité et les bottes à caps. Le cerveau des commentaires s’est tu. La cervelle des sensations s’est allumée. Elle respire bruyamment dans mon oreille. Délicieusement. Dieu que c’est bon, un râlement de bonheur! Ä vous emporte et ça vous déporte dans un ailleurs incertain. Elle est toute à elle, ma Marcie de Charlie Brown. Toute à moi. Et je suis tout en elle.

Des queues dansottent autour de sa bouche. Certaines se présentent à mon guichet. Non merci, vous repasserez. Je suis hétéro, binaire et satisfait comme ça. Mais elle, elle goutte à tous les goulots. Comme une œnologue du triple-sexe. Ça me plait, cette parade de zobs hérissés. Je ne suis ni jaloux ni possessif. Ce prodigieux corps de déesse ne mérite-t-il pas tous les hommages? Des giclées jaillissent. Éclaboussent les épaules, baptisent les seins au nom du Père, de la fille et des grands esprits. Pas sur moi, non! Yeurk! Mon aérienne pornographe, badigeonnée de coulées de laves laiteuses, me fait une danse d’enfer sur mon pic d’aven. Ses gémissements enterrent les onomatopées du mauvais porno que plus personne ne regarde de toute façon. C’est nous «l’histoire érotique» en trois D et bande sonore originale du moment. Oui, c’est ça, c’est nous le moment!

- Les turbulences sont le pire ennemi du photographe.
- Qui a dit ça?
- Wikipédia.
- Qui est Wiki… patente.
- Un ami de Loco Locass, les rappeurs québécois…

Les bourses délestées, la foule des voyeurs viagrés s’est dissipée. Ne restent que quelques quidams s’interrogeant sur la pertinence de nous ’y mettre leur graine. Je leur donne congé de la tête. Ouste! Je veux la consommer tout seul, maintenant, la Marcie, cette dame au corps pixellisé. C’est bon pour toi aussi, lecteur-voyeur. Ouste que je dévore cette chose-là sans ponctuation ni majuscule!

- Go, go, go, galopez, les gazelles
- Ostie, ça sent l’sexe icitte, ça l’excite les sens
- Sans semonce, elle s’avance
- En pirate invincible
- Pis ratant pas sa cible
- Elle me bombarde à boulets rouges
- De son corsage qui bouge
- Et comme un corsaire, je monte à l’abordage
- En lançant mes cordages sur son corps en otage.
(Loco Locass)

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