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Les Visions de Lucienne

Lucienne, vieille femme aigrie, redécouvre l'Amour auprès de Corinne.

Proposée le 11/03/2016 par Serena

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Thème: Femme dominée
Personnages: FF
Lieu: Bureau, travail
Type: Roman


Lucienne tient un petit magasin de chaussures qui aurait dû, depuis longtemps, avoir déposé le bilan. Elle passe ses journées et ses nuits, seule, dans sa boutique, à attendre des clients de plus en plus hypothétiques.

Son mari est décédé d’un cancer généralisé, après avoir lutté pendant 10 ans contre la maladie. La décrépitude de son époux, ainsi que sa prise de poids excessive, ont fini par éteindre en elle le gout de vivre. Ses enfants sont devenus grands et indépendants.

Autant avertir le lecteur : la sexualité de Lucienne était tarie depuis longtemps. Elle sombrait, moralement, physiquement et financièrement. Elle avait d’abord été triste, puis déprimée. Elle sentait maintenant que la dépression s’emparait d’elle. L’ennui, l’insignifiance de sa vie sans parler de ses frustrations imprimaient leurs marques chaque jour plus profondément sur son corps et sur son âme. Elle se sentait en fin de vie, en plein naufrage. À 56 ans, elle était devenue aussi repoussante que la grosse sorcière du conte « Hansel et Gretel ». Plus rien, en elle, ne semblait désormais pouvoir susciter le désir.

Samedi 13 février.

Un samedi matin, Lucienne vit entrer dans sa boutique une mère de famille, accompagnée de ses trois enfants : une jeune fille boudeuse et deux garçons turbulents. La mère de famille tira sa fille par le bras pour la présenter à Lucienne.
« Ma fille a quitté l’école, elle vient d’avoir 18 ans. Je lui ai bien dit que je n’entretiendrai pas une fainéante à la maison. Il faut qu’elle trouve du travail, n’importe quoi. Je fais la tournée des commerçants du quartier. D’ailleurs, …, voici son CV ».
Lucienne, à qui, une telle situation n’était pas arrivée depuis longtemps se sentit consternée, tant par son impuissance à répondre favorablement à cette demande, que par le comportement distant et volontairement désagréable de la jeune fille.
L’adolescente attardée avait le regard vide. Ses yeux semblaient être deux perles synthétiques figées dans les orbites en plastique d’une poupée désarticulée des années 70. C’était une production 3D tout droit sortie des fantasmes mortifères d’Andy Warhol, une réplique improbable de David Bowie dans sa période androgyne. Lucienne prit le CV, par politesse, et la petite famille s’en alla.

Lucienne rebondit machinalement sur l’un de ses thèmes préférés de méditation. La jeunesse n’était décidément plus ce qu’elle était. Comment tolérer le comportement des jeunes d’aujourd’hui. Cette jeune fille, plus grande qu’elle, mince, blonde avec des cheveux courts, des yeux verts, de jolies mains manifestement peu habituées à travailler, préférait porter le poids du monde plutôt que de se mettre à bosser.
Pourtant, cette fois ci, ses ruminations obsessionnelles furent perturbées par un flash incongru. La vieille bonne femme vit, dans son propre magasin, la jeune zombie entièrement nue s’approcher d’elle jusqu’à une distance de 20 cm environ. L’hallucination était telle que Lucienne crut d’abord à une présence réelle. Mais cette âme du Purgatoire ne parlait pas, seul un appel au secours émanait d’elle. Puis le fantôme déambula quelques instants dans le magasin comme pour laisser à Lucienne la possibilité de voir le corps surnaturel sous toutes ses facettes. L’objet devint ensuite de moins en moins visible et disparut.
Lucienne, qui se demandait bien ce que cela voulait dire, se rassura comme elle put. Son arme préférée contre la peur, c’était la méchanceté. Et comme pour signifier à cet esprit qu’elle n’était pas impressionnée, elle ne put s’empêcher d’éructer : « Sale fainéante, fausse blonde !»
L’histoire aurait pu s’arrêter là. Lucienne n’avait pas besoin d’une vendeuse. Pourtant durant les jours qui suivirent, le flash revint, de plus en plus souvent, de plus en plus long et précis. La méchanceté était impuissante à exorciser le phénomène. Que lui arrivait il donc ? Le spectre semblait vouloir la séduire pour lui soutirer de l’aide.
Elle ne pouvait pas avoir envie d’aider cette pouffiasse puisqu’elle ne vivait plus que pour elle. Elle ne pouvait pas avoir envie de cette créature puisqu’elle n’était pas lesbienne, puisqu’elle n’avait jamais pu accepter l’idée que des personnes du même sexe puissent s’accoupler. Et puis elle se savait trop vieille, trop laide, obese.
Mardi 16 février
Apres quelque jours, elle fut bien obligée de reconnaitre que, depuis la visite mystérieuse de la petite famille, quelque chose ne tournait plus rond dans sa tête.
N’y tenant plus, elle appela le numéro figurant sur le CV, soit disant pour avoir des nouvelles. Elle reconnut la voix de la mère. Celle-ci était désespérée car aucun commerçant n’avait rappelé. C’était le premier appel seulement. Lucienne se sentait pleine d’empathie pour cette mère qui lui faisait part du comportement de sa fille, prénommée Corinne. Elle comprenait cette femme révoltée par l’attitude démissionnaire des jeunes d’aujourd’hui.
Au fil de la discussion, elle sentait en elle l’indignation réchauffer son corps. La fainéantise, elle ne supportait pas cela. La voix de sa propre mère retentissait dans sa tête à chaque fois qu’elle entendait ce mot. Elle tremblait de rage au souvenir de toutes les insultes qu’elle avait subies durant son enfance et ne pouvait pourtant pas s’empêcher de les proférer à son tour.
La jeune créature sembla moins répugnante à Lucienne quand la maman lui expliqua que sa fille n’avait pas grandi et qu’elle restait enfermée dans un monde de contes de fées. Quel prince charmant allait donc pouvoir la réveiller ?
A la fin de la discussion, le marché était conclu. Corinne viendrait travailler dés le lendemain matin au magasin, 35 heures par semaine, sans rémunération, le temps nécessaire pour la recadrer et l’aider à reprendre contact avec la réalité. À partir de cet instant, les apparitions cessèrent.
Mercredi 17 février
Le lendemain matin, Corinne arriva avec une heure de retard. Lucienne la regarda fixement. Elle aurait dû être en colère, elle sentait au contraire le plaisir s’insinuer dans son corps, dans des endroits où il n’allait plus depuis longtemps. Les clients furent peu nombreux. Corinne comprit vite qu’elle n’aurait pas grand-chose à faire. D’ailleurs, Lucienne n’osa lui donner aucun ordre. Le soir pourtant, en qualité de patronne, elle expliqua à son étrange recrue qu’une vendeuse ne pouvait pas s’habiller comme un pou.
« C’est important de savoir se vendre en même temps qu’on vend les chaussures, d’attirer le regard et non de le détourner. »
C’était la fin de la première journée de travail, Corinne sortit du magasin, furieuse. « Comment ? Moi, je détourne les regards. Mais, elle ne s’est pas vue, cette mocheté. Et puis, il faudrait encore qu’il y ait des clients. La vieille salope n’a pas arrêté de me regarder. Qu’est-ce que ça serait si je m’habillais en pute ? »
Cette dernière idée l’intriguait. « Etre regardée, même par une vieille morue, c’était mieux que d’être regardée par personne. Et puis si ça se trouve, j’en ferai ce que je voudrai de cette vieille bonne femme. »
Jeudi 18 Février 2016 et jours suivants
Le lendemain matin, Corinne portait ce qu’elle avait de plus chic dans sa petite garde-robe. Une espèce de tailleur bleu marine. La jupe était courte mais sans provocation. Quand Lucienne la vit arriver ainsi vêtue, elle fut agréablement surprise de constater que finalement, Corinne lui avait obéi.
Les journées étaient longues. En l’absence des clients, les deux femmes que tout séparait se retrouvaient seules en tète a tète silencieux. L’atmosphère était lourde. Corinne se sentait épiée en permanence. Lucienne avait trouvé une proie pour sa volupté renaissante. Elle prit de plus en plus confiance en elle. Les limites de ce qu’elle pensait pouvoir se permettre avec Corinne semblaient reculer de jour en jour dans son imagination. Pour la première fois de sa vie, elle avait envie de posséder une femme, d’en faire sa chose. Et, dans ses fantasmes, la jeune Corinne était consentante pour tout.
De son coté, Corinne commençait à se poser des questions. Le regard insistant et brillant de sa patronne l’inquiétait. Qui était donc cet étrange personnage qui la regardait comme si elle cherchait à voir à travers elle ? Lucienne cherchait à en savoir de plus en plus sur elle, sur sa vie, ses envies, ses déceptions. Elle finit même par oser des dérapages scabreux qui finirent par mettre la puce à l’oreille de la jeune Corinne. L’inventaire des audaces verbales bien salaces s’étoffait de jour en jour. Cela allait du « tu mériterais une fessée » à « moi, si j’avais un corps comme le tien, j’en ferais des choses » en passant par « si seulement tu voulais, on pourrait en faire des choses ensemble ».
Comme Corinne ne réagissait ni favorablement ni négativement, Lucienne finit par appeler sa vendeuse « ma chérie » devant les clients médusés. Corinne ne pipait pas, elle semblait subir dignement et les clients repartaient, convaincus que dans cette boutique, une jeune salariée faisait l’objet d’un harcèlement sexuel bien particulier. Certains clients fuyaient, d’autres revenaient uniquement pour satisfaire leur curiosité lubrique et pour alimenter leurs distractions solitaires.
La capacité apparemment sans limite de Corinne à tolérer toutes les extravagances de sa patronne excitait toujours plus Lucienne. Cette dernière s’imaginait pouvoir faire subir tous les outrages à sa jeune esclave, en être la propriétaire exclusive jusqu’à la fin de ses jours. Elle trouvait, par la même occasion, une parade définitive à sa solitude et à son dégout de la vie.
Pourtant, Lucienne s’inquiétait du fait que sa protégée ne s’impliquait pas dans ce jeu singulier. La jeune boudeuse laissait faire. Pour aller plus loin, Lucienne avait pourtant besoin qu’elle participa, qu’elle lui fasse au moins comprendre qu’elle était consentante, mais rien. Toujours ce même mépris douloureux. En d’autres temps, elle aurait compris qu’elle abusait de son pouvoir, qu’elle n’avait aucune chance. Mais maintenant, la peur de vieillir et de mourir, lui faisaient perdre le sens commun.
Ses fantasmes, dans lesquels elle voyait Corinne nue, aimante, soumise à ses caprices la travaillaient jour et nuit maintenant. Elle et la jeune vendeuse s’appartiendrait mutuellement pour l’eternité, chacune la tète enfouie entre les jambes de l’autre. Elles seraient toutes deux la revanche des vies ratées du monde entier.
Le soleil enfin disqualifié serait remplacé pour toujours par le cunnilingus de Corinne et de Lucienne régnant sur un monde régénéré. La nouvelle humanité aurait désormais deux lunes à contempler : une grande, celle de Lucienne dispenserait sa bienveillance et sa sagesse à toutes les créatures, et une petite, celle de Corinne, supplanterait Vénus et Cupidon. Le principe de réalité n’avait plus aucune prise sur Lucienne.
Jeudi 3 mars
Hélas, ce que Corinne comprenait peu à peu la dégoutait. Elle était encore vierge et n’avait jamais tenté de sortir de son monde de poupées pour se confronter à la sexualité réelle. Elle se supposait « normale », se masturbait abondamment mais sans en avoir honte car ses fantasmes infantiles étaient 100 % family-compatibles. Elle aurait pu rester une petite fille pendant 1000 ans encore. C’était même ce fantasme inconscient qui l’empêchait de vouloir grandir. En tout cas, elle n’était pas attirée par les femmes, et surtout pas par une femme de cet âge-là, laide, obese et méchante.
Aussi, quand Lucienne l’appela « ma chérie » une fois de trop, Corinne lui tint les propos suivants : « Madame, vous devez arrêter de m’appeler « ma chérie » et de me faire des allusions à tout bout de champs. Les sentiments que vous éprouvez pour moi ne sont pas réciproques. »
La réaction de Lucienne fut totalement imprévisible. Elle saisit Corinne par le bras très fermement et dit à la jeune fille : « Qui te parle de sentiment. Je n’éprouve aucun sentiment à ton égard, j’ai juste envie de toi, de te voir nue, de te posséder, de te voir m’obéir. Si tu veux rester vendeuse ici, tu vas devoir « faire minette ».
Elle n’eut pas sitôt dit cela qu’elle se sentit confuse au plus haut point. Corinne allait surement la planter là et ne plus jamais remettre les pieds dans sa boutique. C’est ce qu’elle fit d’ailleurs, laissant sa patronne consternée. Lucienne avait tout gâché, elle ne reverrait plus jamais sa belle esclave.
Vendredi 4 mars
Le lendemain matin pourtant, Corinne attendait sous la pluie que Lucienne ouvre le rideau de fer. Quand Lucienne vit Corinne trempée, elle crut pouvoir en déduire que la sainte nitouche avait probablement médité toute la nuit sur les inconvénients et les avantages d’une relation sexuelle au contenu sado masochiste à peine voilé.
- « Tu es revenue pourquoi ? Tu veux quoi ? »
- « Rien, je ne veux rien, juste repartir à zéro. »
- « C’est ta mère qui t’a obligée à revenir ? Si c’est le cas, tu peux repartir. »
- « Non, c’est juste moi. J’ai rien dit à ma mère. Et pour Minette, je suis pas d’accord pour vous le faire, mais si vous voulez me le faire, je veux bien. »
Lucienne fut tellement abasourdie qu’elle faillit vasciller.
- « Tu veux bien ? C’est vrai ?
- « Oui, Madame »
Lucienne qui n’était pas du tout prête à ce que ses fantasmes fassent aussi brutalement irruption dans sa vie, reprit :
- « Rentre. Les clients vont attendre aujourd’hui ».
Lucienne rabaissa le rideau de fer.
- « Ça t’excite d’être désirée par une vielle bonne femme comme moi ? »
- « Non, ce n’est pas ça. »
- « Ne me dis pas que c’est moi qui te donne envie. »
- « Non plus. »
Lucienne, probablement inspirée par ses démons intimes, comprit que Corinne était venue chercher la contrainte, l’humiliation, la souillure de son jeune corps par des mains diaboliques. Son ange gardien probablement l’avait visitée, elle aussi, durant la nuit pour lui suggérer ce plan de rédemption.
Lucienne reprit l’initiative :
- « Tu vas attraper froid, tes vêtements sont mouillés. Je vais mettre le chauffage à fond dans la réserve à chaussures. Tu veux te déshabiller devant moi ou je dois te laisser toute seule dans la réserve ? »
- « C’est à vous de décider, Madame. »
Lucienne alluma le chauffage dans la réserve et, se retournant vers Corinne, lui dit : « Je veux te voir nue. Donne-moi tes vêtements les uns après les autres. »
Corinne obtempéra et fut nue en moins d’une minute.
Le spectacle qui s’offrait à Lucienne la déçu. Corinne tremblait et avait la chair de poule. Son sexe était complètement lisse alors que dans ses fantasmes une touffe brune de fausse blonde attendait le contact de son visage. Ses seins étaient sous-développés, bien plus petits que ceux qu’elle avait imaginés. Les craintes de Lucienne, quant aux tendances anorexiques de Corinne, se confirmaient. Corinne fuyait bien la vie.
- « Va te réchauffer dans la réserve. »
Corinne lui tourna alors le dos, et Lucienne vit des fesses et une descente dorsale à peu près conformes à ses fantasmes, ce qui la réconforta.
Lucienne s’enferma avec Corinne dans la réserve, et elles se firent face en silence quelques instants. Corinne ne regardait pas Lucienne. Lucienne buvait Corinne du regard. Corinne faisait toujours la gueule mais ses petits seins qui se tendaient trahissaient une attente qu’il ne fallait pas décevoir.
- « J’aimerais bien rentrer dans ta tête, tu es toujours triste, tu es malheureuse ? Tu es attirée par les femmes ? «
Corinne fit un signe de tête négatif.
- « Et moi, je suis quoi pour toi, tu ressens quoi pour moi ? »
- « Je ne sais pas, c’est tellement bizarre entre nous. »
- « Pourquoi t’es revenue ? »
- « Pour ne pas vous laisser seule. »
- « Tu es belle, tu sais. Moi, j’ai envie de toi. Je ne suis pas lesbienne, mais depuis que tu es entrée dans ma vie, j’ai de nouveau envie de vivre. »
Corinne pour la première fois osa regarder Lucienne dans les yeux.
- « Mais moi, je n’ai pas envie de vous !»
- « Alors, encore une fois, pourquoi es-tu revenue ? »
- « Je ne sais pas, je ne pouvais pas vous laisser seule. Je sais que je peux vous aider et c’est la première fois que je me sens utile. »
Lucienne pensa que son employée était décidément une fille bien étrange.
- « Petite hypocrite. Tu prétends que tu es prête à me donner ton corps pour m’éviter d’être malheureuse, c’est ça ? »
Corinne, dont le visage commençait à s’éclairer répondit :
- « Oui. »
Lucienne qui n’en revenait pas, dit :
- « Tu es malheureuse toi aussi, complétement paumée. On ne fait pas l’amour comme ça, impunément, ça sera plus pareil après entre nous, tu y as pensé. »
- « Non pas trop. »
- « Tu sais ce qu’on va faire ? Je vais t’emmener dans ma chambre, t’allonger sur mon lit, te mettre un bandeau sur les yeux, tu vas faire comme si tu étais morte et tu vas me laisse faire. D’accord ? »
Corinne fit un signe de tête positif.
Allongée sur le lit, Corinne, faisait la morte à la perfection. La blancheur immaculée de sa peau en faisait une dépouille très crédible. Elle respirait à peine et les tétons de ses seins ne bandaient plus. Voilà un rôle qu’elle semblait attendre depuis toujours. On aurait pu la prendre pour un gisant de marbre blanc.
Lucienne, devant cette statue de marbre, eu l’impression de redevenir la petite fille qui découvrait les mystères de l’église avant de communier à genoux devant le prêtre. Elle replia les jambes de Corinne, les écarta, s’accroupit devant la morte et commença à ouvrir sa bouche vers le sexe offert comme pour accueillir la sainte hostie sur sa langue.
En tant que femme naguère très active dans son intimité, elle connaissait parfaitement la morphologie d’un sexe de femme. La défunte allait s’éveiller et être emportée avec elle dans un torrent partagé de sensualité. Aucune femme ne pourrait rester insensible à son application et à ce qu’elle pensait être un savoir-faire imparable. Elle semblait sûre d’elle comme rarement elle l’avait été dans sa vie.
Alors son cunnilingus commença. D’abord gourmand, sur toute la surface des lèvres du sexe lisse puis plus précisément, avec le bout de sa langue, à l’endroit du clitoris.
Mais rien. Corinne restait insensible.
Lucienne ne put s’empêcher de repenser à la froideur apparente de sa mère face à ses espiègleries de petite fille, quand elle allait se réfugier sous la jupe maternelle pour se cacher du monde et que son visage de chair se cognait à des fesses de pierre. Son petit corps d’enfant n’avait alors pas le temps de rester longtemps sous ce voile sacré. Les jambes musclées de sa mère, dures comme des poutres de chêne, l’éjectaient hors de l’espace convoité et elle se retrouvait étalée sur le sol, humiliée par une mère qui continuait ses taches ménagères comme si rien ne s’était passé. Elle restait écroulée par terre, hébétée. Sa mère lui concédait seulement le droit de laisser ses petites jambes et ses fesses se faire manger par le froid du carrelage et les « fourmis ». C’est dans cette situation particulière d’ailleurs que Lucienne entendit pour la première fois la plainte délicieuse d’un oisillon malheureux, …, qu’elle apprivoisa avec ses doigts.
Lors de ces premiers ébats, Lucienne fut saisie de la première crise d’angoisse métaphysique de sa vie. Corinne n’était pas humaine, ou si elle l’était encore, une grâce surnaturelle ne tarderait pas à en faire un ange. Elle n’avait aucune saveur, aucune odeur, n’était ni froide ni chaude, elle était neutre, surnaturellement « propre ». Elle était imprégnée de mystère jusque dans son intimité. À aucun moment, le divin clitoris ne se dressa hors de sa cachette, totalement protégé par une volonté supérieure. Aucun frisson ne la parcourra.
Lucienne continua néanmoins son cunnilingus avec passion, sa main droite entre ses jambes, sous sa culotte, pour stimuler son appareil sexuel qui, lui, était en feu. Elle atteint l’orgasme très rapidement. Un orgasme tonitruant, qui la fit gémir, elle qui, depuis sa petite enfance, avait été dressée à dissimuler son plaisir.
Elle regarda la morte, remonta le long de son corps et l’embrassa sur les lèvres. Sa langue réussit à pénétrer l’espace sacré de la bouche de Corinne et à réanimer le «cadavre ».
La belle au bois dormant s’éveilla. Il semblait qu’elle n’avait rien senti, rien entendu, rien vu, qu’elle ne se souvenait de rien.
Pourtant, revenue de sa syncope, Corinne rayonnait de la grâce simple qui fit dire à sœur Thérèse de l’Enfant-Jésus et de la Sainte-Face :
« Seigneur, sur tes autels, plus d'une fraîche rose aime à briller,
Elle se donne à toi... mais je rêve autre chose ; c'est m'effeuiller... ».

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