Les Années Lycée - Olivia

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Proposée le 10/01/2010 par Cidoux

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OLIVIA


c'est devenu une habitude. En fin d'année ou au début de l'année scolaire suivante, Stéphane demande à la favorite (l'expérience en trio avec Caroline et Françoise n'a pas eu de suite) de lui présenter celle qui saurait le mieux la remplacer. Elles ont toutes acceptées de passer le relais, certaines avec réticence. d'aucunes ont essayé de se l'approprier, d'approfondir leur liaison en dehors du lycée disaient-elles, mais il a su déjouer leurs tentatives se retranchant derrière l'attachement, réel, à son épouse. Comme par ailleurs il était gentil, prêt à rendre service, à assurer un remplacement inopiné, ses conquêtes lui pardonnaient. Il faisait attention dans ses débordements à ne pas gaspiller son énergie et se faisait un point d'honneur de satisfaire sa femme dès son retour au domicile conjugal. Il est persuadé que Jeannette avait deviné qu'il trouvait au lycée même le remède à son excitation en sortant d'un cours. Elle ne lui a jamais adressé de reproche ni même formulé une allusion. Il lui en était reconnaissant et s'est toujours efforcé de satisfaire ses moindres désirs sexuels. Il n'avait pas le sentiment de tromper sa femme. Ces passades n'avaient aucune importance, ce n'étaient pas des maîtresses !? Une maîtresse ! Oui, il a eu une maîtresse, Olivia !

Olivia? Oui, elle, on peut dire qu'elle était sa maîtresse. Combien de temps a duré leur liaison ? Cinq ? Sept ans ? Non, huit ! Que le temps passe vite ! Il avait fait sa connaissance lors d'une réception à la mairie. c'était une époque où entre Jeannette et lui tout n'était pas rose. Malgré de multiples tentatives, d'examen, de traitements, ils n'arrivaient pas à avoir d'enfant. Le caractère de sa femme s'assombrissait. Peut-être ressentait-elle déjà les premiers symptômes du mal qui... ? Elle l'avait accompagné à contre c'ur à cette réception à la mairie, se montrant désagréable lorsqu'il lui présentait quelqu'un. Fâché, il l'avait abandonné et s'était réfugié dans un coin de la salle. Là, il avait vu Olivia. Elle rayonnait. Tout de suite, ils avaient ressenti une attirance réciproque. Il se souvient comme si c'était hier du tremblement de la flûte de champagne que la jeune femme tenait...

Craignant une catastrophe, il l'en débarrasse et porte la main frémissante à ses lèvres. Un simple échange de regard leur permet de mesurer leur impatience.
- Venez ! ordonne-t-il en l'entraînant.
Elle le suit, docile, dans les couloirs jusqu'à la porte d'un bureau qu'il referme sur elle.
- Où sommes-nous ?
- Dans le bureau du maire. Personne ne viendra nous chercher ici.
Elle ne fait aucun commentaire comme s'il s'agissait d'une chose naturelle. Il l'enlace, elle lui offre ses lèvres pour un premier baiser brûlant. Leurs mains papillonnent, déboutonnent un corsage, ouvrent une braguette, soulèvent la jupe, descendent un pantalon, se glissent sous le tissu pour toucher la peau. Il la pousse vers une alcôve jusqu'à un canapé accueillant. Leur frénésie ne se calme que lorsque la verge s'introduit sans difficulté dans un conduit dégoulinant de liqueur d'amour. Ils se sourient heureux de leur communion et entament la danse de la possession, lentement, sans se presser au début. l'excitation les gagne, ils accélèrent. Olivia gémit. Peu à peu ils glissent du canapé. Cela ne les déconcentre pas et ils poursuivent l'étreinte sur le tapis. Stéphane bâillonne la bouche de sa partenaire d'un baiser, étouffant le cri que les pénétrations arrachent. Ce n'est pas le moment d'être surpris ! Ils atteignent simultanément la jouissance qui les laisse haletant, étroitement serrés l'un contre l'autre.

Il se dégage et l'aide à s'asseoir. Une onde bienfaisante circule dans son corps. Son c'ur déborde de reconnaissance. Cette femme est merveilleuse. Pas question que cette étreinte soit sans lendemain !
- Comment vous appelez-vous ? Je n'ai pas bien compris tout à l'heure.
- Tu sais, tu peux me tutoyer, réplique-t-elle en souriant.
- Comment t?appelles-tu ?
- Olivia, et toi ?
- Stéphane.
Olivia défroisse sa jupe.
- Eh bien ! Stéphane, je crois que nous devrions rejoindre les autres. Notre absence risque d'être remarquée.
La jeune femme se lève. Elle récupère avec un sourire la petite culotte. Avant qu'elle ne l'enfile, Stéphane la lui subtilise.
- Laisse-la moi en souvenir.
- Ah non ! Rends-la moi !
- Bon, d'accord ! Mais seulement à notre prochaine rencontre.
- Parce que tu tiens à me revoir ?
- Bien évidemment ! Où et quand ?
La soudaineté de la réponse le surprend.
- Après-demain, chez moi ! Je te donne mon adresse.
Après-demain ? Oui, ce sera un mardi. Il est libre à partir de trois heures de l'après-midi.
- d'accord ! A trois heures et demi !
De retour dans la grande salle ils font face à leurs conjoints respectifs Olivia avec crânerie, lui moins à l'aise...

Ils se retrouvaient dans l'appartement de la jeune femme aussi souvent que les trous dans l'emploi du temps de Stéphane le permettaient. Leur liaison était purement physique. l'un comme l'autre s'en accommodait. Il n'était pas question de quitter leurs conjoints respectifs. On peut même dire que l'effet était bénéfique sur le couple de Stéphane. Il éprouvait des remords vis à vis de Jeannette et compensait par un regain de tendresse. Il avait rêvé de la rapprocher de Paul le mari d'Olivia, pensant trouver dans une relation à quatre une solution qui lui permettrait de fréquenter ouvertement sa maîtresse. Malgré de multiples allusions à peine voilées, Jeannette et Paul s'étaient ignorés. Stéphane avait même imaginé de passer des vacances ensemble. Sa femme s'y était opposée. De retour en ville, les deux amants ont repris leur cinq à sept. Cela dura plusieurs années pendant lesquelles Stéphane était parvenu à un équilibre entre son amour pour Jeannette, les exigences sexuelles d'Olivia, les passades avec ses jeunes collègues et la vision des poitrines des lycéennes.
Puis, il y a eu la maladie de sa femme. Ils n'ont pas pris garde aux signes avant coureurs, la faiblesse quasi perpétuelle, l'état de lassitude. Jeannette refusait de consulter un médecin, reportant sans cesse. Ce n'était que de la fatigue due au stress, prétendait-elle, cette année elle avait des élèves difficiles. Il l'a traîné de force chez un spécialiste. Ensuite ce fut la ronde des cliniques et des hôpitaux. Examen, biopsie, opération, rayons, chimiothérapie, puis le terrible verdict : Cancer généralisé ! Sans espoir ! La dernière année a été difficile. Stéphane passait son temps entre le lycée que Jeannette lui avait interdit d'abandonner et le chevet de sa femme, l'accompagnant dans sa longue déchéance physique. Elle lui faisait raconter les efforts de ses élèves de terminale pour attirer son attention. Il la caressait sans voir son corps décharné mais se souvenant de la radieuse jeune femme qui calmait son stress dans leur cagibi secret. Olivia n'avait plus de place dans cet écroulement de leur vie. Compréhensive, elle s'était effacée.




Stéphane est toujours devant l'armoire de sa chambre. Il baisse les yeux. Sa verge, camouflée en partie par les poils reste désespérément flasque malgré l'évocation de ses frasques passées. l'andropause ! Il sait de quoi il retourne ! Pendant le calvaire de sa femme, il trouvait tout naturel de ne plus éprouver d'émotion sexuelle. l'absence de libido était, pensait-il, la conséquence de la maladie. Ce n'est que plusieurs mois après l'enterrement qu'il prit conscience que les efforts de ses lycéennes ne déclenchaient aucune érection. Le désir était présent mais pas sa manifestation physique, tout au plus un gonflement de la verge sans rigidité. Au début il s'est contenté d'en sourire.
Quand même, vaguement inquiet, il tente de renouer avec la dernière favorite en titre, celle qu'il avait abandonnée quand la maladie de Jeannette s'est déclarée. Echec total ! Malgré le désir présent, malgré la participation active de sa partenaire, il n'obtient pas la raideur nécessaire à l'accomplissement de l'acte d'amour. Sa jeune collègue l'a consolé du mieux qu'elle a pu. Une panne n'est pas grave lui affirme-t-elle et même naturelle si on pense à ce qu'il a subit. Il n'a pas cru ses encouragements. Dépité, il consulte son médecin. Celui-ci l'expédie chez un spécialiste. Il apprend que sa déficience a toutes les chances de devenir permanente et que vu l'état de son c'ur, le Viagra lui est formellement déconseillé. Le praticien propose un traitement long et contraignant tout en demeurant sceptique sur le résultat. Stéphane refuse. Puisque sa femme n'est plus là, à quoi bon s'évertuer à retrouver une vigueur défaillante, sans garantie de succès ? Pourquoi faire ? Ses élèves peuvent dévoiler maintenant tout ce qu'elles veulent, il ne peut leur faire du mal ! Plus besoin de calmant. Las d'éluder les propositions de ses jeunes collègues, il décide de faire valoir ses droits à la retraite. Etant parvenu au sommet de l'échelle des salaires, rester quelques années supplémentaires ne lui apporterait rien'
Cela fait presque un an maintenant. Les terminales qu'il n'a pas eues doivent en ce début de troisième trimestre se préparer à la terrible épreuve du baccalauréat. Qui l'a remplacé ? Il n'a pas mis les pieds au lycée depuis la rentrée de septembre. Ses gamines s'amusent-elles au même jeu de séduction avec son remplaçant ? Il revoit en esprit les rondeurs sympathiques, complaisamment exposées. c'était charmant...

Le carillon du salon le tire de sa rêverie. Il n'est pas en retard, mais il ne faut plus qu'il traîne. Il ouvre l'armoire à la recherche d'un vêtement. Que porter quand votre ancienne maîtresse vous invite à déjeuner ? Il regrette d'avoir accepté. Il n'a aucune envie de se retrouver face à Olivia.
Après le décès de Jeannette, la jeune femme avait tenté de se rapprocher. Trop tôt lui avait-il rétorqué. Il avait besoin de temps pour se remettre. Elle s'était vexée. Puisqu'il en était ainsi, puisqu'il refusait son amitié, elle ne le relancera plus. s'il revient à de meilleurs sentiments, Stéphane connaît le chemin de la villa !
Souvent le soir seul dans son appartement, il regrette de ne pas avoir profité de la main tendue. Mais maintenant avec sa déficience sexuelle, à cause de sa déficience sexuelle, il n'ose plus faire le premier pas. Que peut-il apporter à son amante ? Elle qui dans son souvenir était si passionnée, si friande de sexe ? Mieux vaut couper court. Inquiète Olivia l'a relancé. Il s'est dérobé sans donner d'explication.
Un an qu'il n'avait plus de nouvelles puis, l'avant veille, il est tombé sur Paul devant son immeuble. Le mari d'Olivia qui semblait heureux de le rencontrer, lui a reproché son absence et l'a invité à déjeuner, à la bonne franquette a-t-il précisé. Pas question qu'il refuse ! Il ne peut pas leur faire cet affront, Olivia ne lui pardonnerait jamais. Stéphane n'a pas osé décliner. Pour se donner bonne conscience il a proposé d'apporter le dessert, une pâtisserie qu'il a immédiatement commandée.

Le soleil brille par la fenêtre. Stéphane réfléchit qu'avec un tel beau temps, Paul organisera un barbecue dans son jardin. Il choisit un pantalon de flanelle et un polo. Un blouson complètera sa panoplie. Il se surprend à siffloter en arrangeant le col. Cette invitation lui fait plaisir, doit-il s'avouer. En sera-t-il de même pour Olivia ? Il soupire. Comment affronter ses reproches ? Il décide, si elle réclame des explications, de tout lui révéler, son problème, son incapacité à satisfaire une partenaire. Il ne peut que lui offrir son amitié. Saura-t-elle s'en contenter ? Il referme avec soin la porte d'entrée.

Fin