Ravissante Ludivine

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Proposée le 2/05/2009 par ANNIE-AIME

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Ravissante Ludivine



Le hasard me donnait à connaître l'histoire de la ravissante Ludivine, née d'amours adultérines. Cette poupée adorable n'avait pas plus de huit mois la première fois que je l'embrassais. Déjà, l'adorable sourire me disait quelque chose, me rappelait quelqu'un. Qui donc ?

Cette année là je terminais mes études. J'avais réussi un concours de la fonction publique et acceptais une affectation à Nouakchott que personne ne voulait. C'était ma première expatriation. Imaginez mon exaltation et mes appréhensions. Je rameutais les amis qui pouvaient me documenter. Bernard, un ami d'enfance, avait été VSN en Mauritanie, volontaire du service national, mis à la disposition du service de la coopération. Il m'ouvrait son carnet d'adresse. En retour, il me demandait d'intercéder en sa faveur auprès d'une dame avec laquelle il avait eu une liaison. Un peu plus tard, avant mon départ, je recevais un courriel qui donnait plus de détails.

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Le courriel de Bernard

Chère Annie,

J'insiste et renouvelle ma requête. Quand tu seras à Nouakchott, va voir Josiane, dis lui combien je me languis. Avant-hier quand je passais te voir à ton bureau, je ne voulais pas parler devant ton collègue. Tu as raison j'ai besoin de vider mon sac. Je ressasse sans cesse cette aventure au point que j'en deviens fada. Ça me fait du bien de te mettre dans la confidence. Ci après le récit de mon bonheur. Je t'ouvre mon cœur. Sans pudeur ! Pardonne-moi. Pense à moi.

J'étais VSN affecté au Ministère à Nouakchott, sous les ordres de Machin Truc, une peau de vache, coopérant français, conseiller du Ministre, qui faisait aussi office de Directeur de Cabinet. Je ne rigolais pas tous les jours et faisais plus le larbin que l'assistant. Il n'était pas inhabituel que je joue les coursiers ou que le patron m'envoie à son domicile quérir quelques papiers. Un boulot de merde dans un pays tout aussi merdique, cramé par le soleil, immense et désertique. Des plages à gogos ? Oui, c'est vrai. Piètre consolation ! Les filles baisables étaient rares. Je me faisais chier. Le temps se faisait long. Je me languissais de la métropole et décomptais les jours, à l'instar de tous les truffions, même si mon sort était un peu plus enviable que le commun des appelés, à l'époque le service était encore obligatoire. Ce jour là, quand je faisais l'amour avec Josiane, je n'étais plus très loin de la quille. Le matin même j'avais encore coché mon calendrier. Pour la dernière fois. Après, je n'en avais plus le goût. L'amour m'ouvrait les yeux. Mon horizon n'était plus le même. Je découvrais l'Eden dans lequel je vivais. J'implorais Dieu et Satan et les suppliais d'arrêter le temps.

Mon affaire commençait très naturellement. Un jour, en début de matinée, assez tôt, je venais sur ordre récupérer quelque chose. Diable ! Le bureau était occupé. La femme du patron vêtue d'un élégant déshabillé en soie, était juchée sur une table, qui enfilait les anneaux du rideau sur la tringle. Sa silhouette transparaissait en contre-jour au travers du tissu léger. La découpe de l'entrejambe, nimbée de lumière, m'éblouissait à hauteur d'yeux, qui clamait un appel irrésistible. Le sommet du triangle, orné d'ombres chinoises échevelées attirait immanquablement mon regard. Je m'imaginais le sexe nu, chaud, humide. Mon désir surgissait d'un coup. Le sang et les chaleurs affluaient qui m'empourpraient la face. Une brusque érection bosselait mon pantalon. Mon vêtement ne cachait rien, qui était taillé dans un tissu en lin, léger et frais, qui n'était pas fait pour contenir de tels débordements.
- Excusez-moi madame, votre mari m'a demandé de passer prendre un dossier, avais-je bredouillé tout en manœuvrant pour cacher mon indignité.

Comme d'habitude, j'étais entré sans frapper mais d'ordinaire le bureau était vide. Par la fenêtre, j'apercevais le jardinier qui travaillait à l'extérieur, à quelques mètres tout au plus. Son manège trahissait son centre d'intérêt, lequel coïncidait tout à fait avec le mien sauf que tous les deux nous ne l'abordions pas sous le même angle. Son point de vue était-il plus intéressant ? Le bougre lorgnait sans arrêt tout en binant et re-binant un petit morceau de terrain sur lequel il restait scotché. Une pointe de jalousie agaçait mes tripes. Il me déplaisait qu'on bafoue ainsi mes droits d'exclusivité, lesquels en vérité n'étaient pas encore enregistrés, ni même constitués au demeurant. Il me semblait cependant que j'avais plus de mérites que le simplet.

- Mon petit Bernard, vous ne cherchez pas au bon endroit, morigénait la jeune femme sur un ton quasi maternel, qui m'agaçait et qu'elle employait toujours avec moi, bien qu'elle ne fut pas beaucoup plus âgée que je n'étais.
NB : C'est une auvergnate, originaire comme toi et moi de l'Artense, tant si bien d'ailleurs qu'elle m'avait pris en tutelle et jouait ma grande sœur, ma marraine.

Il y avait belle lurette que j'avais déniché le dossier mais je faisais mine de continuer à chercher parce que je n'étais pas rassasié de jouer les voyeurs, parce que un espoir fou trottait dans ma tête même s'il n'y avait pas l'ombre d'un indice pour l'étayer. Que n'aurais-je pas donné pour baiser cette femme ? Mon âme au diable et encore davantage. Depuis des mois ce fantasme me taraudait la tête, qui égayait mes nuits et mon plaisir tout autant solitaire.

Satan veillait qui entendait mes suppliques. La jeune femme décidait de me rejoindre, qui voulait guider ma recherche. D'un geste alerte, l'intrépide avançait la jambe et posait le pied sur le fauteuil directorial, lequel faisait office de marchepied pour la descente. Catastrophe ! Le siège à roulettes jouait la traîtrise qui ne devait pas rouler mais ripait néanmoins. L'imprudente improvisait une chorégraphie pour garder l'équilibre mais la culbute était inéluctable. Casse-cou ! L'acrobate finissait par atterrir dans mes bras. Le choc était brutal, qui m'ébranlait mais je résistais malgré tout.

Nos deux corps s'encastraient au plus juste. Je n'aurais pas donné ma place pour un empire. Plus heureux que moi ? Tu meurs. Du bonheur à l'état pur ! Mes rêves les plus fous prenaient corps dans mes bras. Mon béguin pour cette femme naissait du premier jour quand je la rencontrais. Un amour platonique, sans espoir, qui restait mon secret le mieux gardé. Dieu m'aimait qui me donnait tant de félicité. Merci Seigneur ! Pour ces seins à la fois moelleux et fermes qui impriment leur empreinte sur mon torse. Merci Seigneur ! Pour ce ventre plat et dur qui épouse le mien. Merci Seigneur ! Pour ces cuisses pleines et tendres à la fois qui s'enchevêtrent dans les miennes. Merci Seigneur ! Pour cette taille souple et fine qui frémit sous mes doigts. Merci Seigneur ! Pour ce corps qui s'appesantit contre le mien. Merci Seigneur ! Merci Seigneur ! Je ne te remercierai jamais assez, toi qui me donnes mon souffle et tant de joie. Combien de fois n'avais-je pas rêvé de cette femme dont je pressentais au moment la fébrilité. Comment consoler ce cœur effarouché, par tant de frayeurs, qui donnait le tempo pour le mien lequel battait tout aussi fort à l'unisson. Nos chairs soudées communiaient l'éternité. Pitié Seigneur ! Convoque le jugement dernier. Seigneur ! Ecoute ma supplique ! Arrête le temps. Seigneur ! Sur le champ, décrète la fin du monde. Ma prière dénonçait ma ferveur. Je croyais naïvement me gagner les faveurs du maître de l'univers mais il ne m'écoutait pas.

« Non ! Non ! Ne me quitte pas ! » Aucun son ne passait mes lèvres mais mon cri intérieur n'en résonnait pas moins à m'éclater la tête tandis que celle auquel mon appel muet était destiné, se détachait de moi et reculait d'un pas. La nymphe était face à moi, immobile, qui me regardait, le visage quasi inexpressif. Si ce n'était ce voile d'incrédulité, assez énigmatique, le regard restait impénétrable. La pupille s'illuminait d'une lueur que je ne savais décrypter. Mon désir était visible que je ne savais plus masquer. Etait-elle offusquée ? Oui ! Non ! L'anxiété torturait mes tripes. Je me tortillais pour cacher mon mal être. La main dans ma poche, je tentais de capturer et dompter l'animal sauvage qui gonflait mon pantalon et ce faisant ne faisais que me rendre ridicule. Mon éducation et mes complexes faisaient une soupe pas possible qui s'exprimait ainsi mais dans le même temps des pulsions libidineuses sévissaient qui me lavaient le cerveau. L'être morveux qui se déhanchait pour cacher son misérable vit cohabitait avec un autre moi-même, sans doute plus secret mais aussi beaucoup plus libre, déluré, avide, disciple de Dionysos et d'Eros, ou Cupidon, comme tu veux. Cet être méprisable qui m'habitait et dont je taisais l'existence, convoitait des luxures inavouables mais savait aussi s'extasier de tant de beauté.

Le déshabillé grand ouvert dévoilait son corps magnifique, bistre d'un soupçon de métissage plus que cuivré d'avoir trop doré, la poitrine un peu lourde, les hanches généreuses, la taille très marquée, le ventre plat et ce triangle de Vénus qui suscitait chez moi tant d'émoi. A aucun moment, il ne me venait l'idée de la juger, de m'étonner de l'inconvenance à rester ainsi nue, le vêtement ouvert. Elle, elle n'était que mystère. Moi, j'étais coupable. Viendrait-il à l'esprit du commun des mâles de désirer la divine vierge de l'immaculée conception ? Non sans doute. Moi si ! L'érection indomptable témoignait de ma culpabilité. Le crime était commis mais j'aurais bien été incapable de consommer le fruit défendu si la divine Eve n'avait pris l'initiative.

Ma nymphe avançait d'un pas, son visage était à deux doigts du mien, le téton me touchait presque, sa main caressait la turgescence qui me déshonorait. Pas possible ! Pas croyable ! La vierge descendait sur terre. Aphrodite avait quitté l'Olympe. Je n'en croyais pas mes sens. J'étais l'élu. Mon souffle manquait. Mon cœur s'arrêtait. Mon âme grimpait au paradis. Mon esprit s'enfonçait dans un abîme de béatitude. Mon corps se pétrifiait. Je n'osais plus bouger de peur de rompre le charme.
- Mon petit Bernard, je ne savais pas que vous souffriez à ce point, murmurait-elle à mon oreille sur un ton qui promettait prompte guérison tandis que sa main poursuivait son ouvrage. Ses lèvres étaient à moins d'un doigt des miennes. Qui prenait l'initiative ? Elle ? Moi ? Peut-être moi. Peut-être elle. Sincèrement, je ne sais plus. Peu importe. Nos langues s'emmêlaient. La fougue présidait le baiser. Ma fortune m'aveuglait. Un maelström insensée m'emportait.

Ses doigts agiles défaisaient ma ceinture, dégrafaient ma braguette, déboutonnaient ma chemise. J'étais nu, totalement nu. Le peignoir glissait tout seul sur son corps. Elle était nue, entièrement nue. Je ne doutais plus. Mon assurance, s'enivrait des senteurs autant que de la douceur de sa peau. Mes mains s'égaraient. Que de rondeurs ! Le profil du sein, le galbe des fesses, la courbe des hanches. Que d'émotion ! Sa bouche, ses lèvres, sa langue, les yeux, les paupières, l'aréole, le téton, le nombril, le pubis, le clito, la fente. J'étais fou. Je voulais tout. J'étais partout. J'étais dans tout.

Eh ! Patron ! Ton bureau a t'il jamais connu tant d'effervescence ? La pensée vicieuse m'égayait. Foin des amusements ! Ma maîtresse me conviait à l'ouvrage qui m'invitait à fourrer mon nez dans des endroits mystérieux qu'elle me donnait à connaître. Il y sourdait des effluves enflammés qui épiçaient les arômes sirupeux. Je me goinfrais et faisais ripaille. Le clito résistait que je ne pouvais point avaler. L'appendice prenait de l'arrogance autant que du volume. Quel était ce sortilège ? Et ce sexe qui baillait de belle façon. Pouvais-je résister ? Je plongeais. Oui ! Ce jour là, j'apprenais à nager. Ce jour là, je découvrais l'amour et le faisais pour la première fois. C'était mon sentiment. Tu le sais, il m'était arrivé d'avoir des amourettes, de tremper ma nouille ici et là, mais jamais rien de comparable à ce que je connaissais en ce jour mémorable.

Nous faisions l'amour à même le bureau de son mari, le bureau de mon patron. Des mots orduriers, que je n'ose répéter, jaillissaient de ses lèvres qui fustigeaient mes sangs et mes ardeurs. De fougue je n'en manquais point. La femelle hurlait du plaisir sous mes assauts impétueux. En revanche, je manquais d'expérience. L'orgasme pointait que je ne savais maîtriser. La montée de l'extase m'emportait irrésistiblement. Ma partenaire pressentait ma jouissance qui bloquait mon bassin de ses jambes nouées sur mes hanches et mes reins et faisait en sorte que j'éjacule en elle. Quoique prématuré, mon plaisir n'était pas moins fulgurant, total qui me ravageait diablement. Je m'avachissais mais restais en elle, qui ne desserrait pas son étau. Mon érection faiblissait à peine tant mon désir était immense.

Avait-elle joui ? Je ne sais pas le dire. C'est vrai que j'étais inexpérimenté, maladroit. Je le comprenais ce jour là tandis que l'amour de ma vie ruinait mon corps parce que nous recommencions et recommencions encore. Pauvre petit puceau, aveuglé par son plaisir égoïste, qui ne voyait pas que la femelle affamée devenait furie et se faisait mante pour le dévorer tout entier. La diablesse mangeait ma chair, suçait mes moelles et tous mes sucs et mes lymphes jusqu'à la dernière goutte, tant que je n'en pouvais plus. Des heures, des jours, des mois ou des années peut-être, je ne sais plus où j'en étais, mais il venait un moment quand je n'étais plus qu'une limace pantelante qui demandait grâce.

Je n'avais pas même la force de m'irriter du jardinier qui écrasait son nez sur la vitre. Depuis quand nous reluquait-il celui là ? J'esquissais le geste comme pour le chasser.
- Laisse le tranquille, il est faible d'esprit, intervenait Josiane.

De retour au boulot, un peu avant midi, le conseiller me recevait fraîchement. De ce jour, il ne me prêtait plus jamais sa voiture pour les courses. Fini la grosse Volvo qui rugissait et franchissait les bancs de sable les doigts dans le nez. M'en foutais ! Royalement ! Malheureusement, je décollais vingt jours après, direction la mère patrie. Entre-temps je revoyais Josiane exactement quatre fois, pas plus à mon grand désappointement mais chaque fois le même miracle se reproduisait. Merveille des merveilles ! Cette femme m'a donné des moments rares, que je ne connaîtrais sans doute jamais plus dans ma vie. Je ne voulais pas quitter. Je regrette d'avoir obéi. Je regrette de n'être pas resté. Je suis persuadé que je pouvais la rendre heureuse. Peut-être n'est-il pas trop tard ?


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Bernard terminait son courriel par une dernière supplique en post-scriptum « Annie, ma chérie, je t'en prie, fais-toi mon ambassadrice. Je t'en serais éternellement reconnaissant. Ton ami. »

A Nouakchott, je m'arrangeais pour prendre contact avec Josiane. Je découvrais qu'elle était mère d'une magnifique petite fille qui n'avait pas un an. Nos origines auvergnates communes contribuaient à nous rapprocher. De fil en aiguille, nous devenions amies puis amantes. L'amitié et l'amour pavaient le chemin des confidences, lesquelles étaient parfois déroutantes.

La mère avouait que la petite Ludivine était la fille de Bernard. Pauvre Bernard, qui ne saurait jamais. Pauvre Bernard ! Pour lui point d'espoir. L'amour ne se commande pas.

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La confession de Josiane


Annie, ma chérie ! J'éprouve le besoin de t'ouvrir mon cœur, de partager mon secret avec toi mais il faut me promettre de n'en rien dire à personne et surtout pas à Bernard. Promis !

Ma fille est ce qui compte le plus au monde. Elle est la prunelle de mes yeux. Elle est mon souffle. Elle est tout pour moi. Pour la mériter, j'ai fait des choses méprisables mais je ne regrette rien. Absolument rien ! Il me fait du bien de tout te raconter. Il faut que je te dise qui est son père.

Depuis des années, je voulais un bébé. Je désespérais de Gérard, mon mari, lequel éclusait tant de whiskies qu'il y noyait les rares spermatozoïdes rachitiques qui lui restaient si tant est qu'il en avait encore. Il n'en faisait qu'à sa tête. J'en avais marre d'espérer la lune. Je n'avais plus d'espoir. Il était stérile. Point ! Je complotais de le tromper mais ne voulais point faire de vagues. Je cherchais le candidat idéal. Héra, la déesse protectrice des femmes et gardienne de la fécondité, venait à mon aide qui soudoyait et m'envoyait Bernard, le petit auvergnat. C'était un « pays » comme nous, un rude et solide gars de l'Artense qui connaissait tout autant le Puy Mary que le Sancy, un garçon sympathique que j'aimais beaucoup. Pendant plus d'un an nous étions amis puis un jour nous étions amants. Pas très longtemps mais le temps suffisant cependant.

Il débarquait à l'improviste dans le bureau tandis que je posais les rideaux. Je n'ignorais pas que le contre-jour exacerbait le jeu des transparences. Que pouvais-je faire ? Le lascar se rinçait l'œil. Je le voyais qui reluquait tout en se cachant derrière les dossiers. J'avoue que ce jeu pervers ne me laissait pas de marbre. Je mouillais. Des picotements caractéristiques signaient la montée du désir. Quelques secondes de réflexion suffisaient. Il y avait un peu plus d'une douzaine de jours que j'avais eu mes dernières règles. J'étais dans la bonne période du cycle ovarien. Ma décision était prise. L'homme était mignon, jeune, sain, vigoureux, blanc, intelligent, « pays » de surcroît. Il était sur ma liste, quoique plutôt en queue parce qu'il me semblait assez gamin, gauche, réservé et j'imaginais lui être indifférente. Ce n'était visiblement pas le cas. Tant mieux ! En tous cas, les indices plaidaient l'assurance de gènes de qualité. Qui plus est, je savais qu'il allait bientôt débarrasser le plancher. C'était un atout primordial parce qu'il me souciait de garder de la distance avec le géniteur. Je n'aurais pas aimé l'avoir dans les pattes après la naissance.

Le faux jeton était un grand timide et un naïf qui cachait maladroitement une si belle érection. Comment peut-on être à ce point faux jeton et naïf à la fois ? Quoi qu'il en soit, cette proclamation virile attisait mon désir et consolidait ma détermination. Sa gaucherie m'attendrissait, m'encourageait et m'inquiétait aussi, un peu. N'allait-il pas falloir le bousculer, voire le violer ? Je m'apprêtais pour l'assaut quand la culbute accélérait le processus. Mon escabeau, ou plutôt le fauteuil qui en tenait lieu, ripait et m'envoyait valdinguer. J'atterrissais sans dommage et opportunément dans ses bras. Son machin que je sentais contre mon ventre était gros, dur et appétissant à souhait. Je devais me retenir pour ne pas lui sauter derechef sur le paletot mais je craignais de l'effrayer.

Je ne le dépucelais pas mais c'était tout comme, tant il était maladroit et inexpérimenté. Il fallait tout lui dire, tout lui montrer. Qu'importe ! Je pompais sa semence. Il n'y voyait que du feu. Quelque chose d'indéfinissable, ou quelqu'un, Héra peut-être, me soufflait, que la partie était gagnée, que la graine était fécondée, et en plus je prenais mon pied. De prime abord, ce mâle n'y paraissait pas qui était un véritable pur sang, un étalon, fougueux en diable, qui me remuait sacrément les tripes. Il y avait longtemps que je n'avais tant joui. J'aurais aimé poursuivre mais le temps passait. Il n'était pas raisonnable de le garder plus longtemps. Au demeurant, je crois qu'il était passablement lessivé. Je le laissais aller.

L'étreinte que j'avais dans la foulée avec le jardinier était une erreur regrettable, qui avait des conséquences plus fâcheuses pour lui que pour moi. Pauvre simplet qui trinquait ! Pauvre simplet qui payait pour ma faute. Je ne comprends pas comment je m'oubliais à ce point. Au départ mes intentions étaient louables. J'avais vu combien la réaction de Bernard effrayait le jeune garçon, lequel était un être hypersensible et extrêmement fragile, qui de surcroît me vouait une adoration sans borne. Je me sentais responsable de son sort. D'ailleurs ! Ne l'avais-je pas en garde ? Je le cherchais et le trouvais derrière la remise qui pleurait et trépignait. Je le consolais, le cajolais. Il s'agrippait à moi. Son membre dur, énorme, vivant palpitait contre mon ventre. Il sanglotait toujours pendu à mon cou. Des reproches presque inintelligibles fusaient entre deux sanglots, que je croyais comprendre.
- Pourquoi t'as fait ça ? Avais-je reconstitué avec difficulté. J'étais bouleversée. Comment lui expliquer ? Je le serrais davantage. Lui faisait de même. Les choses dégénéraient. Je perdais le contrôle.

Nous faisions l'amour contre ce mur. Inutile de te mentir, j'étais consentante. D'abord, je ne voulais pas le brusquer puis inexplicablement j'ai ressenti du désir pour ce gamin. Ces muscles, cette force, cette chaleur, cette ardeur, tout cela m'embrouillait l'esprit. Sa folie me gagnait. Ma résistance tombait. Je dirigeais son sexe vers le mien. Il me pénétrait, me fouillait, me ravageait et me régalait mille fois sans jamais faiblir. Ce mâle déployait une énergie ahurissante. Mes orgasmes atteignaient une intensité inédite. Son foutre était chaud, épais, abondant qui se mélangeait à celui de Bernard au fond de mon vagin, dans mon utérus. C'était la seule fois que j'avais des rapports avec lui. Le lendemain, je m'arrangeais pour le renvoyer à l'évêché qui me l'avait confié. Pauvre malheureux ! Pauvre de moi ! Comment faire autrement ?

Honte à toi ! Salope ! Aucune insulte n'était assez crue. Imagines-tu ma colère et l'amertume quand je retrouvais mes esprits. Et bonjour l'angoisse ! Si pour moi la fécondation ne faisait pas de doutes, en revanche la nationalité du gamète à flagelle qui pénétrait l'ovule me préoccupait assez. Qui donc était le géniteur ? Mystère. Trois semaines après, j'avais confirmation de ce que je pressentais, encore deux mois et je savais que je portais une jolie petite fille mais il me fallait attendre six mois de plus pour connaître sa couleur de peau. Après la naissance, lors des premiers mois, les cheveux de Ludivine n'étaient pas si blonds mais pour autant sa filiation ne faisait aucun doute. Gérard, mon mari se méprenait, qui lui trouvait des airs à sa mère. Grand Dieu ! Heureusement qu'il n‘en était rien. Une sacrée mégère celle là.

Après coup, on peut en rire. Il n'empêche qu'il me fallait m'accommoder du doute pendant neuf longs mois. Imagines-tu combien je me mortifiais, combien l'anxiété et l'impatience me rongeaient. Je fouillais ma misérable généalogie pour exhumer mes racines négroïdes, lesquelles par bonheur, étaient indubitables. Je prenais néanmoins mes quartiers à la bibliothèque, potassais les revues, et devenais incollable sur tous les aspects de l'hérédité. Sacré Grégor ! Je dépassais vite les petits pois de Mendel et me sentais fort capable de soutenir une thèse sur les facteurs génétiques. Que veux-tu ! Il me fallait fonder l'éventualité d'une progéniture à la peau un peu foncée. Ne te méprends pas. Quelle que soit sa filiation, ma fille était la bienvenue. Elle était ma perle. Elle est ma vie. Encore fallait-il m'assurer que Gérard donnerait son nom en toutes hypothèses. Il m'importait de légitimer ma descendance. J'étais moi-même une fille de la DASS.

A tout prendre, ces menus désagréments n'étaient rien, comparés à l'immense espoir, à ce bonheur sans mesure que je portais dans mon ventre.

Avec un jour d'avance le père Noël apportait une magnifique petite fille que l'on prénommait Ludivine.

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Josiane terminait sa confession en renouvelant son vœu de discrétion. Est-ce que je me parjure en publiant un aveu banalisé et anonyme ? Non, j'espère.

Le cas Bernard était difficile qui me mettait dans l'embarras. Il me fallait taire sa paternité et tuer les espoirs qu'il nourrissait.

Ludivine avait dix huit mois quand Josiane et moi-même qui avais débarqué entre-temps, embarquions toutes les trois pour Paris. La mère et la fille rentraient se ressourcer le temps d'un congé tandis que moi j'attendais une nouvelle affectation. Un soupçon de nostalgie assombrissait mes pensées. Je ne quittais pas sans regret. La Mauritanie était pour moi synonyme de bonheur, dix mois de bonheur sans nuage.

En revanche, mes souvenirs de France étaient beaucoup plus mitigés. Je me remémorais mon départ d'Auvergne, ma mère qui était je ne sais où, mon père que j'espérais heureux avec sa nouvelle compagne, la mort de Jacques mon premier compagnon, l'épicier tunisien, l'arménien, les Vernon, la boulangerie, Elizabeth, les échecs, les réussites, les furtifs moments de bonheur, les études fastidieuses et Satan qui veillait et ne me lâchait pas la grappe. Pourvu que celui là ne retrouve pas ma trace.



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