Nuit à Clichy

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Proposée le 21/12/2008 par Mademoiselle Pisca

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J'ai 3 heures de sommeil et 6 h 30 d'avion dans le corps. J'atterris dans une nouvelle ville plus grande que nature. La navette vers la station de métro. Le Métro Invalides, ligne 13, Mairie de Clichy. L'auberge : 9 étages, 255 chambres. Il est trop tôt pour en prendre une et la jeune femme à l'accueil, une Belge, me dit que je peux tout de même aller prendre une douche. Excellente idée. Il est 7 h.

Après la douche, départ pour le Trocadero.
On est en pleine canicule. J'use mes Kodaks jetables sur la Tour Eiffel et les marchands de crêpes et de hot-dogs; une vraie touriste. Je monte dans la Tour, question d'avoir une meilleure vue sur le Burger King et le Jules Verne. Je redescends, flâne un peu dans le Champ de Mars, le pas traînant. À 3 h 30, je ne tiens plus debout. Il est temps de rentrer. Je déniche une bouche de métro et m'y engouffre. J'ai peine à garder les yeux ouverts, le frottement des rails me berce...

Me voilà à marcher sur la rue qui mène à l'auberge. Mon chapeau un peu croche, mes cheveux en fougère, un air du style « j'arrive-de-l'aéroport-et-j'ai-pas-dormi ». Je rêvais de m'étendre tout habillée, sur mon lit de camp, et de dormir tout l'après-midi. Mais ça ne devait pas arriver; au coin de la rue, quelqu'un m'interpelle : «

— You speak english?
— Hum, yes. (Que me veut-il celui-là?)
— D'you know where I could buy something to eat? »

Le prétexte est plausible, il n'a pas l'air d'un maniaque... Je lui explique donc que je viens d'arriver et que d'ailleurs, je dois moi aussi acheter quelque chose à manger; j'ai terriblement faim. Alors, nous marchons, à la recherche de denrées. Au fil de la promenade, je découvre qu'en plus d'un charme sans faille, d'yeux d'enfer, d'une carrure de brute et du style tapageur, ma foi, il est intéressant! Il vient du Portugal. Sa mère est portugaise et son père, Allemand. Il est cuisinier dans un restaurant italien à Londres, mais il est en vacances.. Il est arrivé la journée même par le TGV. Bingo! Il y a une épicerie sur le coin de la rue un peu plus loin. Nous entrons.

— «You cook italian food? Interesting!, que je lui dis.
— Want to test me? »

Pour une obscure raison, à ce moment, j'ai senti que ces mots voulaient dire plus que leur simple sens. Une onde froide dégringole mon échine, pour se nicher, dévorante, dans le creux de mes reins. «

— Tonight, you'll taste my personal carbonara pastas! »

Il dévale entre les étals et attrape quelques ingrédients essentiels pour la recette. J'achète 2 bouteilles de vin. Pas pour moi, pour ma mère; j'ai promis.

On entre dans l'auberge pour déposer les vivres au frigo. L'atmosphère est chaude, le soleil encore haut. Mon chef ne perd pas de temps et se met aux chaudrons. Il me prépare ses fameuses pâtes et, honnêtement, il est bien agréable de le voir à l'ouvrage. Hum...Jolies fesses...

La panse bien remplie, on a pu se détendre dans la salle commune : quelques tables, un petit bar et une table de billard. La soirée est encore jeune quand mon étranger, sans mot dire, m'attrape et m'entraîne à l'extérieur. Sa grande main moite m'enrobe le bras. Je me rends soudain compte que je ne connais même pas son nom. Je le lui demande. «

— It's Rúben, but friends call me Ben.
— I'm Myriam. (Vraiment amusant de l'entendre le prononcer... « Mer-rrr-y-aimé»!)
— I bet you can't guess how old I am!
— Let's say...23?

J'ai répondu trop vite; il a de petites rides au coin de ses yeux bleus.

— Nah! I'm 28. And you?
— I'm 19, surprised?
— I gave you 24! You're still a little girl! dit-il pour me narguer. Do you want to stop here?»

Une main sur ma hanche. Il me désigne un café bondé, au coin de la rue. La vue est superbe et j'accepte. La tranche du corps en contact, étroit.

Installés, le serveur nous demande ce que nous désirons boire. Tequila Sunrise pour moi, lui prend une bière. Il paie, davantage pour la vue que pour les boissons, si j'ose dire... On discute un peu. IL discute. Moi, je suis perdue, quelque part entre ses yeux et sa braguette, quelque part entre le Québec et Paris. Chaque fois qu'il prononce un mot, sa voix suave aux accents latins me noie et m'embrouille l'esprit. Ses lèvres plongent dans son verre et en ressortent, humides et pleines, prêtes à m'engloutir, moi et mes inhibitions. Il me parle de musique, de son ancienne petite amie, de son goût pour le voyage. Il est tellement près! Je ressens des élans bestiaux jusque dans les saillies de ma poitrine, malgré les 32 degrés qui règnent. Il me commande une autre tequila, moi qui ne bois jamais...

Pendant que, entre deux phrases, je porte mon verre à ma bouche, il tend la main, doucement. Un instant suspendu, il enveloppe mon cou et caresse mon oreille de son pouce, avec dans son regard quelque chose de plus que de la tendresse. Il laisse choir son bras, tout est calculé : il glisse jusqu'au menton et descend le long du cou, ne gardant en contact avec ma peau que le revers de son doigt. La trotteuse prend une pause, et il continue la descente, précis, jusqu'à l'orée de mon buste. Il se penche sur moi. Sur ma tempe, son souffle ardent aux effluves d'alcool m'hypnotise, comme le musc. C'est l'odeur du mâle, du conquérant.

Un instant.
Stop.
Prise de conscience.

Je suis là, dans un café, presque saoule, accompagnée d'un Portugais brûlant de 9 ans mon aîné et aux intentions très, trop claires. Qu'est-ce que ce scénario? Mouvement de recul. Je cherche une issue, en vain. Je suis assaillie, comme une proie, par le désir indéniable qui m'obsède. Qu'est ce que je fais? Fin du dilemme : Carpe diem.

Dans le vrai monde, le temps a filé. L'homme à mes côtés sirote tranquillement sa bière en me regardant, un petit sourire triomphant au coin des lèvres.

Il est 22h. La Tour est sur le point de s'illuminer. Ben propose de rentrer. Le troisième cocktail m'a donné du fil à retordre et je m'accroche à son bras. Bien malgré moi, je peux apprécier sa force et respirer son parfum. Ma tête dans le creux de son épaule, il me dit à mi-voix de petits mots que je ne comprends pas. Adoração, amena criança. Je me laisse bercer, paisible. L'air de Paris est bon... Puis, sans avertir, il m'attrape et me plaque sur lui. Sans un mot, il colle sa bouche sur la mienne, une main derrière ma tête et l'autre dans mon dos, maintenant mon bassin fermement contre le sien. Il m'embrasse de sa bouche impétueuse, presque sauvage. Mes doigts dans ses cheveux vont se perdre, comme je sens sur ma cuisse son envie qui s'impose. Collision.

Il me libère. Sidérée. Impuissante. Je ne me pose plus de questions. Tout ce qui occupe mes pensées est l'espérance de posséder ce sceptre, de le brandir de ma main pour qu'il me domine et me tue.

— Do all Portuguese kiss like that? lui demandé-je, l'air naïf.

Il rit.

Dans l'aire commune de l'auberge, une ambiance cordiale règne. De partout fusent des conversations ou s'amalgament les langues et les accents. On se met à discuter avec les autres voyageurs. Assis côte à côte, tout est prétexte au contact. Il me serre sur lui et caresse mon dos de sa main ardente. Le temps file, les buveurs s'éclipsent pour prendre du sommeil dans leur mince lit superposé, en tentant de ne pas réveiller les étrangers qui partagent leur chambre. Mais moi je ne vais pas au lit. Je fais partie des réfractaires encore au bar. Il est 2h du matin.

Depuis que nous sommes arrivés, pas une minute je n'ai eu de répit. À chaque mouvement qu'il faisait vers moi, un flot déferlait entre mes cuisses, appelant la bête à s'y abreuver. Il le savait. Il s'aventurait souvent assez loin pour frôler mon sexe de ses doigts et me faire mourir de désir. J'ai résisté maintes fois à empoigner de ma main sa fourche, sans vergogne, et le traîner jusqu'à un endroit où je pourrais enfin avoir mon dû. Mais maintenant, c'en est assez. Je n'y tiens plus. Je glisse à son oreille : «

— Time for me to test you.»

Je me lève et me dirige vers l'ascenseur. Il me suit à pas de loup, de carnivore. J'appuie sur le bouton, nous entrons. À peine la porte fermée, je me jette sur lui et empoigne ses fesses à deux mains. Je me colle sur lui, plus fort, pour sentir son pôle se durcir. Lui déjà cherche l'agrafe de mon soutien-gorge de sa main experte. Décidément, j'apprécie les mœurs portugaises. Il couvre mon cou de baisers, de la naissance de mon oreille à mes seins, durs comme le roc et douloureux par trop d'attente. Je perds presque connaissance quand il en prend un, le soupèse, le titille du bout de ses doigts rudes. Pendant qu'il s'affaire sur ma poitrine, de ma main libre, je cherche la fermeture éclair. La chair est trop ferme pour que je me trompe. Défaits la ceinture et le bouton, je libère enfin l'animal.

Merde!

La montée s'interrompt et la porte commence à s'ouvrir. On n'est qu'au 4e! Je replace mon chandail en vitesse et lui n'a que le temps de me retourner sur lui avant qu'une des employées de l'entretien entre. Ses bras autour de ma taille, il me presse sur lui, en partie pour retenir son pantalon qui menace de tomber, mais surtout pour que je sente bien son désir dans le bas de mon dos. Téméraire, je me mets à faire de petits mouvements circulaires avec son bassin. Il halète dans mes cheveux. Qu'elle sorte! QU'ELLE SORTE!

L'ascenseur s'arrête de nouveau, pour recracher l'importune deux étages plus haut. Je cris quand Rúben me mord la nuque, question de faire diversion pendant que sa main s'insinue dans mon jean. Le clignotant rouge indique le 8e et dernier étage. Dernier étage? Mais non! Je le regarde, remonte sa braguette et l'attrape par le col de son polo. J'ouvre la porte qui mène aux escaliers. C'est bien ce que je pensais! Nous montons les marches qui mènent au niveau supérieur, mais la porte pour y accéder est verrouillée. Peu importe! Je me retourne et le fixe droit dans les yeux. Je laisse glisser mon regard vers son pantalon béant. En un mouvement, je retire mon chandail et l'invite à me rejoindre. Il acquiesce du regard à mon exaltante proposition. De toute manière, quel con irait prendre l'escalier à 2 h du matin?

Je m'approche de lui, j'entreprends de dévoiler enfin son torse. De ma langue agile, j'y trace des volutes et y dépose ma bouche. Je brûle d'envie de descendre pour me délecter de son vît, et je sais que lui aussi. D'une légère pression sur mon épaule, il me le fait savoir. Je me sens objet, je dispose le plaisir, et j'adore ça.

Il me dévoile sa verge large et puissante, et je l'empoigne. Avant de m'exécuter, je remonte, tranquillement, et lui demande, enfantine : «

— You know, I'm only 19... I don't understand what you want me to do...
— Ah ah! You little menina, just give it a kiss. » me répond-il en riant.

J'obéis, docile. D'abord la rose : je l'aspire et la lèche, y mettant tout mon art. Lui adossé sur la porte, gémit en portugais, et l'entendre décuple mon plaisir. N'en pouvant plus attendre, je descends moi-même la main à mon antre et me réchauffe. Soudain, des voix nous arrivent de quelques étages plus bas. Rúben arrête sa danse un instant. J'en profite pour me l'enfoncer, profondément dans ma bouche, mes lèvres comme un étau autour de sa chair en érection. S'en suit, en un cri rauque : « Camboça, you drive me crazy! I can't wait anymore... ». Je n'arrête mon manège que quand il me force à remonter, me plaquant sur la bouche ses lèvres chaudes. De sa main, il cherche entre mes cuisses l'objet de sa convoitise. Avec arrogance, y insère un doigt, puis deux. «God! You look ready too!» Sans blague! Il se penche et fouille dans la poche de son pantalon désormais au sol. Il en sort le petit sachet qu'il déchire. Je le lui enlève et enfile moi-même le préservatif. «

— In my country, it's girl's job. lancé-je.
— I like it that way. »

Voilà, c'est l'heure.

Je me retrouve au mur. Vite, bien, avec assurance, il l'insère en un grand coup qui m'arrache un cri à peine contrôlé.

Impossible de revenir en arrière.
Il va, il vient. Il ne s'arrête jamais. Jamais il ne cesse de me chavirer, et je tangue entre la honte et la volupté, le plaisir et l'amer, le bien et le mal. Je le sens. À chaque houle, je me fracasse sur le récif comme un esquif ténu. La vague ultime qui frappe et qui frappe encore. J'entoure ma jambe autour des siennes et les presse sur moi pour le sentir plus profondément. Dans mon cou, il plante ses crocs, et je sens son torse écraser mes seins à chaque assaut. Ses mains me palpent et chaque centimètre de ma peau se délecte du contact. Il pousse des grognements, graves, profonds. Et il ne s'arrête pas. Il me laboure et je lui donne mon corps en entier. Un coup, au autre. De bas en haut, mon être fiévreux s'anime de plaisir. Un coup, encore. Il empoigne mes fesses et me soulève. En étau, entre le mur et mon vassal, en équilibre. Une chaleur. Il continue, ne s'arrête jamais. Des perles de sueur mouillent ses tempes. Dans ma transe, je me délecte de chaque mouvement, de la chaleur de son corps humide, de sa joue rêche, de sa chair dans ma chair. Je soupire en crescendo dans ses oreilles. J'entends le rauque son de l'attente, la vibration de l'insoutenable dans les mouvements de son bassin. Je veux. Je veux qu'il me damne, je veux qu'il tue ma vertu, je veux jouir!

Enfin. Ben me libère. Quelques ondulations le mènent, lui aussi, dans la petite solitude qui suit le raz de marée. Sous mes doigts, de longs frissons le secouent. Trop bref moment de plénitude.

Nous ramassons, entre quelques baisers, nos vêtements sur le plancher. Il m'invite cordialement à sa chambre; ses cochambreurs dorment à poings fermés. Silencieusement, je monte sur le lit du haut. Mon homme me rejoint et s'étend tout contre moi, notre nudité enveloppée dans les draps blancs de l'auberge de Clichy. Je m'endors entre son bras tiède et les premiers rayons du soleil.
***

Au réveil, comme étourdie, je me retrouve dans les draps fleuris de mon lit familier. De retour à la maison. Bouleversée, croyant presque avoir rêvé ces ébats irréels, j'ouvre le tiroir de ma commode pour en sortir une pile de photos sur laquelle il est écrit « Paris » sur un post-it orange. La Tour Eiffel, que ça. C'est bien la dernière des choses dont je désire me souvenir...