Amour, Sexe et DVD

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Proposée le 17/01/2007 par marie-claire

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(Merci à J-P et H pour cette magnifique idée et leur aide)



Le vent s'était levé. La pluie, tantôt lente, tantôt drue venait gifler mon visage frappé une fois encore du masque de la morosité. Morosité de l'air ou morosité de l'humeur, morosité de l'attente en tous cas, cela faisait deux heures que je priais la venue de Sabine et qu'à mon espoir de la voir arriver succédait maintenant la peur de demeurer seul. Un peu comme Pierrot à qui l'on a promit la lune et qui se demande à quoi servirait bien une lune qui ne s'étendrait sur aucun soleil. Sabine était pour moi à la fois cette lune qui éclairait mes nuits et ce soleil qui mettait de la lumière dans ma vie, cet éclat qui me rehaussait à la hauteur de mes prétentions au bonheur.
Nous nous étions convenus de nous retrouver en face de la gare à trois heures tapantes. Trois c'était un peu notre chiffre. Surtout cela faisait aujourd'hui trois ans que l'on s'était rencontrés dans cette même gare, elle comme voyageuse et moi comme guichetier. Quelques mots échangés dans la précipitation des départs avaient suffit à hâter notre liaison.
Cinq heures dix et la voilà qui arrivait enfin un mot d'excuse aux lèvres et un baiser pour ma peine. Elle me dit son désir de venir chez moi, qu'elle avait longtemps hésité avant de me demander cela mais qu'elle aimerait voir où vit l'homme qu'elle aime et me souligne que jamais nous n'avons fait l'amour dans mes draps. Elle trouvait toujours les mots à dire pour gagner mon adhésion. Il est vrai que l'appartement où j'habitais ne me faisait honte que parce qu'il avouait mes racines de banlieusard et je craignais que ces racines ne soit pas celle d'un bel arbre. On sait d'où on vient mais rarement où l'on va et si j'aimais ces gens de la banlieue, Sabine, elle, avec son côté Jet-set pouvait les trouver plutôt étranges alors qu'ils n'avaient simplement pas eu la chance de naître dans un couffin d'or. Elle devait être à même de les aimer ou alors c'est tout son amour pour moi qu'elle aurait à renier, elle plus habituée au luxe qu'à la promiscuité des rues.
Quand nous entrâmes dans l'appartement elle ne dit mot si ce n'est pour moquer mon désordre. Son silence était de bonne augure et je me détendis. Après avoir fait le tour du propriétaire, elle s'intéressa à ma grande surprise à mon rangement cassette dont, en cinéphile avérée qu'elle était, elle fît le tour d'un rapide regard : elle en sortit trois DVD : Marie-Claude contre oosex, Erotic Zombie, et La machine infernale. Je perçus en elle comme une inquiétude ou était-ce autre chose de plus indéfinissable ?

- Je ne savais pas que tu regardais ce genre de film, me dit-elle un rien surprise

- Ca m'arrive, mais c'est surtout à cause de l'actrice qui a un des rôles principaux et que je connais.

- Tu connais une actrice du porno, tu m'avais caché ça ! (le ton était cette fois impérieux)

- Connaître c'est beaucoup dire, disons que je la côtoie parfois, c'est la voisine du dessus...

- Je vais finir par être jalouse, c'est laquelle sur la pochette ? (la voix coupante)

- Celle aux gros seins avec les cheveux noirs mi-long, on la voit sur les trois pochettes...

- Je m'excuse mais sur la deuxième on ne voit que ses fesses...

Le ton montait sans qu'aucune voix ne s'élève. J'avais craint que mon appartement ne lui déplaise et c'est finalement à ma voisine que je devais de connaître une discussion. Nous étions bien loin des difficultés de la banlieue et le bel arbre que je m'étais senti devenir commençait déjà à perdre ses feuilles les plus belles en même temps que mes arguments s'amenuisaient.

- Et Elle s'appelle comment, ton actrice ? m'agressa Sabine

- Ta jalousie est ridicule ! Elle s'appelle Marie-Claude et je n'apprécie que ses films, en rien elle ne me plaît plus qu'une autre...
- Que tu dis ! C'est quoi comme film ! Du porno bien tapé !

- C'est difficile à définir, c'est du polar genre série Z à regarder d'un œil pendant que l'autre lit. C'est kitch et non dépourvu d'humour.

- En somme on aime ou on s'ennuie.

- En somme oui.

Sabine me demanda alors de mettre un des DVD, elle choisit Marie-Claude contre 00sex. La curiosité l'emportait sur les véhémences et les reproches à mon grand soulagement.
Dès la fin du film, la conversation pouvait reprendre de plus belle. Sabine entre deux éclats de rire avait eu quelques bouffées de chaleur que la rougeur peu habituelle de ses joues semblait démontrer.

- En effet, me dit-elle, c'est assez grotesque et pas du tout crédible ! Tu as acheté ça aux puces ! Je comprends qu'elle n'ait pas trouvé à se loger autre part, on l'a pas payée pour faire ça !?

- Justement si. Je t'avais prévenue c'est kitch.

- A ça pour être kitch ! Enfin, j'ai bien aimé la fin quand Marie-Claude part toute nue, cul en avant accrochée à son missile et qu'elle va s'exploser dans le postérieur rose de sa complice qui tente de fuir en hors-bord, là je l'ai trouvée très crédible.

- Tu exagères...

- Non pas ! Avoue quand même que le scénario est débile. On sait qu'elle est coupable dès les premières images et le reste du film n'est que prétexte à lui mater les fesses !
- Qu'elle a plutôt jolies...

Sabine avait déboutonné son chemisier, sa voix était chaude. Elle se leva pour aller aux toilettes tandis que je m'apprêtais à mettre Erotic Zombie et que l'atmosphère prenait de l'épaisseur. Quand elle revint, elle était suffisamment dévêtue pour que mes yeux s'emparent de mon visage tout entier et que ma langue glisse sur mes souliers. J'avais tout du loup de Tex Avery mais néanmoins je restais sage. Elle s'installa tout à mes côtés, le film pouvait commencer.

Et une heure et quart plus tard :

- Le scénario est plus fouillé, mais ça reste très mauvais. Encore une fois Marie-Claude excelle pour ce qui est de mal finir. Elle m'a cette fois un peu excité je dois dire, surtout la scène finale où elle se fait dévorer toute nue par ses propres zombies.

Elle s'est fait une spécialité de jouer les scélérates, semble-t-il.


- Somme toute tu as aimé ?

- Je ne dirais pas ça non ! Mets la suivante...

Et pendant que j'installais le disque au titre prometteur de La machine infernale Sabine achevait de se déshabiller. Ses longs cheveux châtains venaient me frapper le cœur comme autant de douceur et ses seins étaient pour ma bouche ce que les fruits sont au gâteau. Elle me demanda d'avancer le disque jusqu'à peu de chose près la fin où l'on découvrit Marie-Claude prisonnière de sa machine à orgasme (genre d'énorme « fucking machine ») et ne parvenant pas à mentir sur ces crimes aux policiers lui demandant d'avouer alors qu'elle jouissait à l'envie. Evidement, comme il se doit, la machine finit par s'emballer, fumer de toute part et Marie-Claude explose dans un ultime orgasme.
Sabine n'en pouvait plus, jamais nous n'avions fait l'amour avec cette rage. Sa peau n'était plus qu'un volcan d'où éclataient les multiples rougeurs du plaisir. Rougeoiement de l'être aux portes du divin. Soudain quelqu'un sonna à la porte et j'allais ouvrir encore haletant : c'était Marie-Claude qui venait m'apporter le DVD de son dernier film au titre étrange de « Pas de lardon chez les gambas ». Elle s'étonna de la lubricité de nos regards encore humide d'avoir tant joui. Puis en voyant défiler le générique elle compris que quelque chose s'était passé dont elle était la cause. Sans mot dire, sans maudire non plus, elle se déshabilla jusqu'à bientôt être nue et vint nous rejoindre : à nous trois nous étions le même baiser, la même peau, la même braise, le même éclat où se posait la lumière de nos corps. L'amour aujourd'hui était tactile et le désir une joie connue à trois, trois un peu comme notre chiffre. Marie-Claude aimait à exposer ses fesses comme on le fait d'un trophée dont on n'est pas peu fier et elle nous invitait sitôt qu'on avait joui à remettre le couvert comme s'il s'agissait de se nourrir d'un repas au demeurant fort alléchant. Sabine ne se faisait prier qu'à demi-mot, évoquant parfois la fatigue, cependant que tellement d'images parlaient en elle afin d'animer son désir qu'il lui eut été impossible de les réprimer sans risquer d'attiser son propre courroux. Des images que je possédais également, à moindre effet peut-être, mais qui m'excitaient pour le moins presque autant. A chaque fois, la nourriture tout en étant la même nous semblait à ce point différente que l'espace environnant pourtant habitué à ce que nos râles s'amplifient paraissait demander une halte et que si voisin il y eut les pauvres à force seraient devenus sourds. Quant à moi si je ne me lassais pas de caresser les seins de Marie-Claude, d'entendre dans sa voix le froissement de sa peau, je ne parvenais toutefois pas à m'ôter de cette pensée que moi aussi je jouais un rôle à l'instar de cette femme que je tenais au bout de mon sexe et qui excellait à jouer les mauvaises de cinéma et à finir dans le plus simple appareil. Pour elle, les choses étaient claires, chaque film avait une fin où elle trouvait une mort digne de son personnage, une mort tout aussi factice que cette caméra qui ne sera jamais vraiment un œil. Je me demandais quel pouvait bien être mon personnage dans cette vie sans caméra où le seul regard qui comptait vraiment était celui de Sabine. Et que voyait-elle à l'instant : Marie-Claude jouir comme une salope au moment même où je décidais que mon rôle à moi c'était de l'aimer et que je l'avais écrit non pas en pensant au cinéma mais en pensant à vous cher lecteur et à cette part de plaisir qui aussi vous revient.


FIN