Rose pas rose 3/3

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Proposée le 9/01/2011 par CAVALIER ROUGE

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Lire le chapitre 2.

troisième partie

Au bal suivant nous avons été invités à nous asseoir avec la « bande » : Cinq hommes et cinq femmes. Je connaissais déjà Roger. Sylvie a expliqué notre désir légitime de danser ensemble le plus possible et a répété que nous acceptions, à leur demande, de danser avec chacun ou chacune une fois. Juliette, la femme de Roger a un peu protesté. Pendant qu'elle faisait danser Germain, André, Claude, Roger et Georges, je fus allumé sans ménagement par Clémence, Juliette, Lisa, Marthe et Louise. Différentes physiquement, elles avaient un point commun : Elles avaient engagé un concours de danse rapprochée et s'amusaient à me chauffer. Effrontément elles tentaient de savoir si elles me faisaient bouger le petit soit par accolement pubien, soit en glissant une jambe enquêtrice entre les miennes. La moins habile y fourra une main ! Oh ! Discrètement, dans la foule, mais sut que je n'étais pas un animal à sang froid. Ses yeux pétillèrent de contentement
- Si tu veux, je peux t'apprendre à découvrir infailliblement le point G chez une femme. Viens, je donne des leçons gratuites à domicile aux hommes qui me plaisent, aux maris de mes amies entre autres. Tu es chou.
Sylvie crut bon de leur annoncer la date de notre mariage. C'était décidé, le mariage civil devait avoir lieu le samedi 31 octobre. Avides de détails, ils voulurent connaître le calendrier de nos rendez- vous, en mairie, chez le notaire, pour l'achat des habits, chez le traiteur. Sylvie fut ainsi le point d'attraction de la soirée. Roger et Juliette trouvèrent que nous allions trop vite. D'autres recommandaient les meilleurs magasins ou jouaient aux notaires.
Débarrassés de la corvée d'amabilités envers ses amis, nous pouvons jouir complètement de notre passion pour la danse. Juliette essaie de faire un tour avec Sylvie. Rien à faire.
Au lit je retrouve une Sylvie apaisée et amoureuse. Cela chasse les démons. Si notre entente physique reste aussi vive et nos sentiments aussi forts, nous serons heureux.

Mardi six octobre, Sylvie se fait attendre. A 19h15 elle revient; oublie de m'embrasser pour la première fois, agitée étrangement.
- Excuse- moi, j'ai fait un arrangement avec Catherine. Elle prendra ma classe pendant mon congé de mariage et je prends son cours du soir à titre de compensation.
- Mais la loi est claire, tu as droit à un minimum de 4 jours sans compensation. Tu n'as pas à faire de cinq à sept. Drôle d'histoire. Tu devrais connaître tes droits.
- Oui, si tu le dis. Mais pour demain les élèves sont prévenus des changements d'horaire.
- Donc cela fera un nouveau cinq à sept.

L'expression la trouble, elle ne répond pas. Le mercredi sept, je sais qu'elle sera en retard.

- J'espère que tes cinq à sept sont terminés. Tu ne m'embrasses plus quand tu reviens du lycée ?
- Mais, oh ! Excuse- moi. Viens là. Hummm.
- Et celui d'hier ? Es-tu avare de baisers ou est-ce Roger qui en profite?
- Paul, j'ai réellement fait cours. Que vas-tu imaginer ? Toujours ton syndrome de Rose ! Tu deviens difficile à gérer.
- Je vois : Difficile à gérer égale privation de marques de tendresse !
- Mangeons et tu vas être servi.

Couchés tôt, nous sacrifions à Eros. J'ai bien fait de réclamer, Sylvie entièrement dévoilée est d'une douceur incroyable. Etrangement, pour éviter une grossesse prématurée, elle me demande de répandre mon sperme dans les poils frisés de son pubis, avant de s'asseoir sur le bidet. Ca aussi c'est une première : Je note, sans protester outre mesure, mais elle doit savoir que je suis étonné.

- Quel élément nouveau commande notre relation ? Qui t'a soudain poussé à ces nouvelles mesures ?

- Ca te déplaît ?

- Pourquoi ce changement de conduite : C'est pour le moins étonnant.

Le jeudi, à l'heure de la séance de tennis, pas de Sylvie. A 18 heures, l'air contrit, elle s'excuse. Des collègues ont discuté avec elle de son mariage et de la possibilité de se pacser. Elle se dirige vers la salle de bain, ressort en se brossant les dents.

- D'habitude tu te brosses les dents après le repas, et tu m'embrasses à ton retour.

- Je suis fatiguée. Je n'ai pas envie d'aller au tennis.

- Repose-toi.

Je prends mon sac et ma raquette et m'en vais. Je ne rentre qu'à vingt heures, vais me brosser les dents et me couche sans un mot.

- Où étais-tu ? Avec qui as-tu joué ? Il est tard. Tu ne manges pas ? Tu as rencontré Véro ?

Autant de questions sans réponse. Je préfère me taire. Cette semaine tout fout le camp. Que craint-elle de Véro ?

- Tu boudes ? Est-ce que tu as prévu une rencontre demain ?

- Si tu tiens toujours à te marier avec moi, consulte le calendrier.

- Mais il n'y a rien de prévu demain. Je pourrais…

- Et que devions-nous faire aujourd'hui ?

- Ah ! Oui, rencontre chez le notaire pour choisir notre contrat de mariage et présenter nos justificatifs. Excuse-moi, avec leurs questions il m'ont fait oublier.

- J'ai plutôt l'impression que tu ne tiens pas à signer un contrat ou à maintenir notre mariage Nous étions d'accord pour la communauté universelle avec propriété des biens au dernier vivant. Je suppose que tes amis t'ont persuadée de changer d'avis, soit de ne pas signer de contrat, soit de prendre une séparation des biens, en prévision du divorce annoncé par Roger et Juliette.

- Tu broies encore du noir. Laisse-les donc parler. Essaie de reporter le rendez-vous à demain. Je serai là à l'heure. Allez, bisou.

- Qu'avais-tu sucé pour aller te laver les dents au lieu de m'embrasser. Mardi pas de bisou, mercredi pas de bisou, jeudi brossage des dents et bisou à retardement. Permets-moi de douter de ta volonté de te marier.

Depuis quand… Tu m'avais juré que c'était pour la vie et tout à coup tu parles de divorce ou tu ne veux plus m'épouser. Mais qu'ai-je fait ?

- Tu détournes la conversation. Je ne voudrais pas te fâcher, mais cette semaine tu t'es arrangée pour détricoter nos plans. Je peux répondre de moi, pas de toi. Faisons comme Roger veut, repoussons la date du mariage et réfléchissons à son bien-fondé. Tu n'auras plus à en discuter après les cours.

- Roger ! Tu m'en veux à cause de ses déclarations. Ce n'est pas juste. Arrête de gamberger. Nous nous marierons le 31 comme prévu. Le contrat de mariage aura le contenu choisi. Quant à tes remarques justifiées sur les baisers, voici ma réponse : Depuis dimanche j'ai eu des aigreurs d'estomac, je ne voulais pas t'incommoder. Enfin, tu as relevé que je te demandais de te retirer afin d'éviter de t'obliger à m'épouser à cause d'une grossesse prématurée. J'ai répondu à toutes tes interrogations ? Tu es satisfait ?

- Pas sur le dernier point. N'avoir pas pris de précaution pendant des mois et se réveiller à deux semaines du mariage, relève d'une logique étrange. Tu ne veux pas reconnaître l'influence néfaste de certains sur ton comportement et sur l'harmonie de notre couple. Si encore tu m'en avais parlé, si c'était le résultat d'une concertation, je n'aurais pas à rechercher l'origine de décisions unilatérales et brutales.

- J'ai compris et te prie de m'excuser.


Le vendredi 9, le notaire a bien voulu nous recevoir. Nous signerons le 29.

Au théâtre, le vendredi soir, nous regardons, main dans la main, en amoureux, la flûte enchantée. A l'entracte dans les couloirs, nous tombons sur Roger et Juliette, échangeons les banalités de circonstance. Je m'éloigne et j'entends Juliette se renseigner sur la date d'achat de la tenue de mariée.

- Tu leur avais dit que nous sortions ?

- Je ne pense pas. Ils ont un abonnement. Leur présence n'a rien d'insolite.

Mon plaisir est fichu, je ne prête plus attention à la suite de la représentation. Sylvie rattrape ma main, elle devine ma contrariété
- Chéri ça t'a plu ?
- Oui.
- Quel enthousiasme. La présence de mes amis t'a perturbé ?
- Oui.

Nous consacrons le dimanche 11 à nos deux familles. Tout va bien, le frère de Sylvie restera quinze jours en congé.

Au lit je retrouve une Sylvie merveilleuse; elle ressort le grand jeu, les regards langoureux, le massage lent et adroit, les caresses intimes. C‘est un échange permanent, on se découvre toujours, c'est un perpétuel recommencement, les chemins diffèrent mais aboutissent toujours au ravissement de l'orgasme

Lundi 12

- Je suis absolument désolée. Je n'ai pas réussi à te joindre, les lignes téléphoniques étaient engorgées. Le proviseur a décrété ce matin que les profs devaient préparer ce soir la réunion avec les parents d'élèves. J'en sors, il va être 20 heures. On avait prévu quelque chose ce soir ?

- Rien d'important, juste un rendez-vous pour la publication des bans.
- Ce n'est pas possible. Pardon. Faudra-t-il retarder le mariage ?
- Si c'est ce que tu souhaites. Mais jusqu'au mercredi 21 nous sommes encore dans les délais.
- Allons-y demain ?
- Demain j'ai l'intention d'aller acheter mon costume de marié… A la sortie de l'usine j'irai faire un tour dans les magasins.
- Sans moi ? Je te l'interdis. Passe me prendre à cinq heures. Je tiens à t'aider dans ton choix. Ne me regarde pas comme ça, je serai prête. Et le proviseur pourra grimper aux murs, je n'en démordrai pas.
- Sais-tu si tu sortiras à 17 heures mercredi.
- On ne sait jamais. J'espère qu'il n'y aura pas de surprise de dernière minute. Pourquoi ?
- Parce que si tu ne t'inscris pas en mairie, tu ne pourras pas te marier. Ton proviseur refuserait-il de grimper aux murs le mercredi ?

Si quelqu'un prépare un nouvel empêchement pour notre inscription, il va attendre mercredi. Je ruse.

Le lendemain, mardi, 13 octobre.

- Où vas-tu ? Je croyais que nous allions faire les magasins. Où me conduis-tu, à la maison'
- J'ai pensé qu'il ne fallait pas attendre la dernière minute pour la publication des bans. Nous allons à la mairie.
- Mais je n'ai pas mes papiers.
- J'y ai pensé pour toi. C'est le moment de savoir si tu veux te marier avec moi. Alors ?
- Vite, tu as raison. Heureusement que tu penses à tout.

L'inscription a été rapide. Le choix du costume, plus disputé, s'est fait avant la fermeture des magasins.

Mercredi, 14/10. Rien au programme. J'en profite pour mettre ma voiture en révision. Le garagiste me la ramènera ce soir. Un mécanicien me reconduit à la maison. Je vais faire une petite sieste tardive. Il fait sombre dans la chambre, la porte est poussée, pas fermée.

La porte du sas s'ouvre.

- Non, Paul n'est pas là. Sa voiture n'est pas au garage. Assieds-toi, je vais me rafraîchir et nous discuterons en l'attendant

Qui accompagne Sylvie ?

A la voix, je reconnais le matheux !

- Alors, comme ça il t'a emmenée à la mairie hier soir par surprise. C'est un sournois ce type. Tu te laisses embarquer dans un sacré voyage. Remarque, jusqu'à la dernière minute tu peux toujours reculer. Je t'imagine à la mairie devant le maire :
- Voulez-vous prendre pour époux… ?
- NON.
Je voudrais voir sa tronche à ce moment délicieux. Juliette est de mon avis, vous n'êtes pas faits l'un pour l'autre. N'attends pas la dernière minute pour renoncer.

- Cesse tes rêves idiots. Paul est mon homme. Je l'aime et ça ne vous concerne pas. Paix.

- Regarde autour de nous, les couples les plus solides ne sont pas mariés. Heureux avec une maîtresse, devenu mari l'homme perd tout intérêt. Tu ne tarderas pas à venir pleurer sur ton erreur.

- Tu m'embêtes avec ce discours perpétuel. J'ai signé en mairie parce que je le voulais; c'est mon affaire, pas la tienne. De quel sujet voulais-tu me parler ?

- Puisque tu persistes dans l'erreur, vous êtes invités dimanche après-midi, chez moi, pour un pot. On boira, on s'amusera. Juliette a préparé des jeux de société dans le style habituel. Ce sera une cérémonie d'initiation pour Paul. Il faudrait que tu le prépares

- Oh ! Non. Je trouvais ça débile et cochon. Ca ne nous convient pas. Nous ne viendrons pas.

- Bon, je dirai à Juliette d'édulcorer. Tu te maries avec un curé ? Pourtant j'ai des photos d'une époque où tu savais t'amuser, c'était la belle époque, quand tu vivais avec Gilles. Tu ne regrettes pas ce bon temps ? Tu rêves encore de Gilles, ne dis pas non.

- Absolument pas. Je t'avertis : Gilles a oublié chez moi sa collection de photos et quelques cassettes : Tu me comprends. Je n'ai jamais aimé vos fantasmes malsains d'insatisfaits sexuels, d'obsédés détraqués.

- Parce que tu te prétends satisfaite avec ton amant romantique ? Vous vous regardez dans les yeux et vous vous embrassez. Si c'était un amant moyen, sa femme n'aurait pas couché avec ton ex, et vous seriez toujours ensemble. Tu refoules, mais tu finiras par exploser. Enfin je t'aurai avertie. A propos quel est le groupe sanguin de ton Paul ?

- Tiens, nous n'en avons pas parlé. Je crois que c'est B+. Pourquoi ?

- Comme ça. Dis, tu ne trouves pas qu'il est gonflé de rentrer avec un pareil retard. Si ma moitié rentrait du boulot avec deux heures de retard, je me demanderais avec qui elle fricote. Mais toi, tu fermes les yeux. Tu es naïve.

- Dans ce cas, tu devrais filer. Que va dire Juliette de ton retard de plus de deux heures ?

- Elle s'en fout. Du moment que je ne lui fais pas de marmot, elle ne se pose pas de question. Dis, si ton zigoto est stérile ou impuissant, pense à moi. J'ai un joujou extra qui fait crac boum huhu ! Tu tomberas à mes genoux. Tu veux le voir ?

- Idiot, laisse-le à sa place. Allez, ferme ton magasin.

- Tu sais, on pourrait monter en chambre après le pot d'anniversaire de Gilberte le 23. Il n'y a pas de mal à se faire du bien. Si je pouvais t'aider à faire le petit, j'en serais heureux. J'ai toujours envie de toi et ma proposition de cinq à sept restera toujours valide. Tu permets que je t'embrasse comme un homme pour une fois ?

- Dégage, tu parles bête. Je vais finir par ne plus te supporter. Allez, va t'occuper de tes malheureux enfants et mêle-toi de tes affaires

- Justement, te faire l'amour serait ma meilleure affaire. Alors, si tu n'en peux plus d'attendre, tiens, fais-moi une gâterie. Paul est absent, on entendra sa voiture. C'est l'endroit idéal : C'est bien ici que Rose avalait la biroute et le jus de Gilles ?

- Ca suffit. Sors, je vais mettre ma voiture dans le garage. Bas les pattes. Dehors idiot.


- D'où sors-tu à cette heure ? Quand j'ai le malheur d'avoir cinq minutes de retard, tu boudes; mais toi, tu peux te permettre deux heures.

- Mais je faisais une sieste dans la chambre. J'ai évité de ronfler pour entendre ce que Roger avait à te dire. C'est instructif. Je constate une fois de plus son influence heureuse. Il t'a inspiré ta question. Tu parles de ton retard de lundi par exemple. Connais-tu la différence entre trois heures et cinq minutes ? Non ? Eh ! Bien va la demander à ton cher Roger, un prof de math doit savoir ça. Moi, aujourd'hui je ne suis pas en retard.

- Tu étais là et tu as tout entendu ? Mais tu m'espionnes. J'étais comment ?

- Le hasard m'a fait entendre. Tu te nourris de ses paroles; sans lui m‘aurais-tu reproché mon retard ? Tu repousses mollement ses propositions de cinq à sept. Sylvie, si je l'entends encore une fois te faire des propositions malhonnêtes et si tu ne réagis pas plus fermement, je ne t'épouserai pas.

- Tu es sérieux ? Il plaisantait. Enfin

- Et vous pourrez continuer à plaisanter, mais sans moi. Il t'a traitée de naïve à mon propos. Il aurait fait deux fois huit kilomètres pour cette plaisanterie de mauvais goût. J'ai failli bondir de la chambre quand il a ouvert son « magasin » de peur de te voir t'agenouiller, comme Rose devant Gilles.

- Je suis Sylvie. Sans monter sur mes grands chevaux j'ai gardé la maîtrise de la situation, reconnais-le.

Peut-être. Mais sa conduite est inqualifiable et tu es trop tolérante. Je refuse d'être toujours en alerte.

L'altercation a été brève. L'orage passe, elle se mord les lèvres.


Jeudi 15

Cette fois la coupe est pleine. Nous devions, ce jeudi soir, aller acheter la tenue de mariage de Sylvie au lieu d'aller au tennis. Quelle nouvelle réunion l'a retenue. A 19h 45 une voiture s'arrête; celle de Roger. Juliette s'avance en éclaireur, alors qu'arrive la voiture de Sylvie.

- Hello, Paul, comment va ? Tu ne t'es pas inquiété inutilement ? Nous avons persuadé Sylvie de nous accompagner dans une boutique spécialisée. Tu vas avoir la plus belle des mariées. Sa situation ne lui permet pas de porter la robe traditionnelle, mais nous avons su la persuader de choisir une merveille. La note de ce magnifique tailleur sera salée, mais on ne se marie qu'une fois. Pardon, ma chérie, je ne voulais pas te rappeler de mauvais souvenirs.

Quel tact. J'ai envie de les jeter à la rue. Je domine ma fureur

- Si tu le permets, nous l'accompagnerons pour les retouches.

Je ne dis mot. Le visage contrit de Sylvie révèle qu'elle n'a pas su résister à l'impulsivité de Juliette. Les intrus se félicitent encore d'avoir respecté la tradition : Un marié ne doit pas découvrir la tenue de la mariée avant la cérémonie. Enfin ils ont eu le plaisir de me faire bouillonner de rage.

- Si tu savais comme je suis contente d'avoir réglé cette délicate affaire.

- Sans moi : Bravo, tu as bien manœuvré pour te passer de moi. Qu'avions-nous prévu ? Qui te mène par le bout du nez comme une gamine immature. Bonne nuit.

- Quoi, déjà ? Tu es fâché, je le redoutais.

Si je me laissais aller, voilà ce que je dirais : Et puis zut, il faut que ça sorte.

- Tu le redoutais ! Ca ne t'a pas retenue. Stop, je connais la chanson : « Je regrette, je ne le ferai plus, je te demande pardon ». Sais-tu à qui tu me fais penser ? Là tu m'as vraiment pris pour un imbécile et tu as fait plaisir à Roger. J'en ai par-dessus la tête. Marie-toi avec lui, couche avec lui puisqu'il en meurt d'envie comme il te l'a déclaré ici, hier soir encore. Tu as vraiment besoin d'un amant pour « faire le petit », c'est une épidémie dans cette maison.

Ne sois pas cruel. Tu étais l à! Donc tu sais que je l'ai renvoyé.

- Pour mieux le retrouver aujourd'hui, et entendre le rappel de toutes les traditions capables de me contrarier. Je crois avoir entendu Juliette recommander l'abstinence pour donner plus d'éclat à la nuit de noces. Il ne faut pas dépenser notre énergie avant la date. Et tu te tais, tu écoutes leurs balivernes. Quand tu sors avec eux, tu reviens fatiguée : Je parie que tu vas dormir comme un bébé. Et sans faire l'amour avec moi, ils l'ont décidé, tu obéis et je subis. Peu importe mon avis, une fois de plus. Je ne reconnais plus la femme décidée de nos débuts. Tu n'es plus celle que je voulais épouser. Alors, dors bien, je te laisse la chambre.

Je vide un verre d'eau et j'entre dans la chambre d'amis, sous le regard médusé de Sylvie. Le sommeil me fuit, je regrette un peu ma colère. En pleine nuit, un corps chaud se glisse sous mon drap. Sylvie renifle. Elle s'approche de moi, rampe, ses lèvres humides viennent embrasser mon front, mes yeux. Je suis éveillé, elle le sent. Sa bouche s'empare de la mienne. Une main parcourt mon torse, descend, brave l'interdit des conseillers, réveille mon envie, me dégage, me caresse, me fait gonfler. Elle murmure : « Je t'aime », s'allonge sur moi et me guide en elle, pour un acte complet et sans retrait. J'enfreins avec un plaisir non dissimulé le xè commandement de Roger.
C'est tellement bon, tellement meilleur que de bouder. Je m'emploie à sécher ses larmes et à calmer ses sens. Nous nous réconcilions, c'est merveilleux.

- J'ai eu peur que tu ne protestes jamais. Ta colère m'a rassurée. Accepterais-tu que je participe à un pot à l'hôtel Central, vendredi prochain ?

- Roger a-t-il réservé la chambre d'hôtel ? Tu es célibataire, libre, fais ce qui te plaît.

- Tes oreilles traînent partout. Donc tu connais ma réponse. Tu verras, je ne m'attarderai pas. Il faut que nous nous entraînions pour notre nuit de noces.


C'est samedi, 17/10

- Paul que dirais-tu d'aller danser ?

- Ca me plairait; mais si c'est pour te regarder danser avec la bande de Roger, grossie de quelques recrues, je préfère une soirée à la maison. Je crains de ne pas pouvoir repousser les attaques manuelles de Louise en pleine piste. Les autres ne sont ni plus discrètes ni moins enragées. Je frise l'attentat à la pudeur sous tes yeux. Quelle bande. Connais-tu un moyen de les éviter ?

- Tu choisis une salle, tu ne m'indiques pas ton choix : Je ne pourrai donc inviter personne par transmission de pensée.

Elle a compris que je soupçonne des connivences.

Je repère un couple qui nous a devancés : Véro et Henri dansent déjà.

Cette fois, je suis convaincu que Sylvie et moi sommes sous surveillance. Ils ne sont que quatre hommes accompagnés, mais ils arrivent au bal, peu après nous. Evidemment ils ne tardent pas à inviter Sylvie comme si leur salut éternel en dépendait. Je n'ai pas besoin d'inviter leurs femmes, elles se présentent l'une après l'autre, plus hardies que jamais, provocantes, seins au vent, à la limite de la décence, excitées comme des guenons en chaleur. Sylvie a proposé de refuser toutes les invitations. Je lui ai recommandé de persister dans notre règle, pour éviter d'autres pressions. Pendant qu'en dernier, Roger profite de son tour avec Sylvie, Juliette me présente une jeunette. Elles sont folles ces gamines. La petite Linda me trouve si beau et si gentil. Elle rêve de se donner la première fois à un homme comme moi. Est- ce que j'ai une voiture, on pourrait…
- Je suis pucelle. Rends-moi service. Tu as l'expérience, tu es calme, tu sauras faire sauter ma petite peau en douceur. Dis, tu mesures ta chance? Et moi, je pourrai enfin coucher avec mon copain sans avoir mal.
Alors on sort ?

La musique s'arrête et met heureusement fin à son délire. Je regagne ma place. Elle me suit.

- Tu as peur de ta meuf ? Ou tu es impuissant ?

Je ne réponds pas à l'effrontée, je m'assieds.

Arrêtés en milieu de piste Roger et Sylvie discutent. Essaie-t-il encore de briser notre ménage. Ce type a toutes les audaces, il pose sa main droite à plat sur le ventre de Sylvie. Elle rit. Un flash les éclaire; puis un deuxième. La musique reprend, Roger reprend ma femme et repart pour une danse. Sylvie enfreint sa règle. Bizarre!
De rage je me lève et vais m'incliner devant Véronique. Je l'emmène danser à côté du couple qui m'a oublié. Véro rayonne, se fait remarquer.

- Tu as eu le courage de m'inviter. Ca me fait plaisir. Pour la prochaine série, c'est moi qui t'invite. Elle se serre contre moi. Sylvie nous a vus, a fait une grimace de dépit. Dès l'arrêt elle retourne à sa place. Véro me tient les mains, refuse de me voir partir. La série suivante nous voit valser. C'est un plaisir de conduire une cavalière aussi légère. Sylvie, assise le menton sur un poing, nous observe, l'œil furieux. Pourvu qu'elle ne retourne pas danser avec Roger. Non, il a tenté sa chance mais repart bredouille.

Je reviens à elle, je peux m'attendre à une remarque. Juliette ne lui en laisse pas le temps

- Chapeau, vous deux, vous avez enfin renoncé à votre règle stupide. Ma chère Sylvie tu as donné l'exemple et Paul t'a bien imité. C'est bien mieux comme ça. Alors Paul, tu m'oublies ?

Sylvie ne semble pas comprendre.

- De quoi parles-tu, Juliette ? Demande-t-elle.

- Des deux séries consécutives que tu as accordées à Roger. Il te plaît bien mon mari, je l‘ai toujours su… Tant mieux, ça me repose. Si ça te tente, ne te gêne pas, je ne suis pas jalouse. Vas-y, il n'attend que ça. Paul, tu viens me faire danser ?

- Je dois la prochaine danse à Sylvie. Pour moi, sa règle reste en vigueur. A moins que tu aies renoncé à cette règle, Sylvie ?

Juliette a semé sa graine et s'enfuit. Le mal est fait, elle est contente.

- Tu crois ? Ce n'est pas possible, je le saurais. Paul, ai-je vraiment fait deux séries avec Roger ?

- Tu devais être tellement heureuse dans ses bras que tu ne t'en es pas rendu compte. Si tu y trouves ton bonheur, j'en suis heureux pour toi. Ce n'est pas grave, rassure-toi, il te désire depuis si longtemps, tu finiras bien par céder puisque tu lui permets d'insister lourdement. Tant va la cruche à l'eau….

- Langue de vipère. Tu en as profité de ton côté. Maintenant je comprends pourquoi tu as choisi Véro… C'est fini. Je ne le ferai plus, je te le promets, mon amour.

Le candidat suivant est refoulé sèchement. Je fais signe à la petite fleuriste et offre une rose à ma fiancée en gage d'amour. Sylvie se met à pleurer à chaudes larmes, se frotte les yeux dans ma pochette, sanglote. Je saisis qu'elle a donné à mon geste une signification différente de la mienne. La rose, Rose ses regrets et ses promesses sans lendemain.

Et voilà Roger, il manquait dans le tableau.

- Qu'est-ce que vous lui avez fait, elle est fragile en ce moment ? On ne fait pas la brute avec une jolie femme dans cet état. Puis-je quelque chose pour toi, ma belle ? Viens me raconter ton chagrin en dansant.

Bien sûr Roger, défenseur de la veuve et de l'orphelin vient au résultat et pousse à la roue. Sylvie me retient quand je veux me lever, fait non de la tête. Satisfait, il s'éloigne.

- Paul, je ne danserai uniquement avec toi à l'avenir. Je me demande comment ils ont fait pour nous retrouver.
- Mais ils sont là, tu pleures et on m'accuse d'être une brute. Ils réussiront à nous séparer.

- En dansant, nous discutions de mon divorce. Tu sais ça laisse des traces. Il m'a raconté que Gilles regrettait et souhaitait se remarier avec moi. Je devrais donc prendre le temps de réfléchir au lieu de me remarier aussi vite.

- Roger deviendrait altruiste. Il s'amuserait avec toi, de cinq à sept, te ferait le petit, puis te refilerait à son pote Gilles. Le tour est joué. Tu as écouté la douce musique, tu m'as oublié. Mais qu'est-ce que je fais là ?

Non, calme-toi, je ne l'écoute plus. Je le laisse faire du vent. Je résistais à ses arguments. Dans le feu de la discussion je n'ai pas prêté attention à l'arrêt entre les deux séries. Non, je ne t'ai pas oublié entre ses bras, au contraire je te défendais.

- Bien enlacée. Merci. Je faisais la même chose dans les bras de Véro. La méthode est excellente. Plus elle frottait et me faisait de l'effet sous la ceinture, plus je pensais à ma fiancée bercée amoureusement par un prof de maths désintéressé qui lui rappelait délicatement les vœux son ex mari.

- Bandit. Ne te moque pas de moi ! Je reconnais que j'ai été jalouse; vous formiez un trop beau couple. Ne t'avise pas de recommencer. Pour l'amour de moi, ignore Roger. Je ne me suis pas pardonnée le coup de l'achat du tailleur. J'irai faire les retouches avec toi. Au diable leurs superstitions ridicules. Embrasse-moi et viens danser. Je me demande pourquoi il ne supporte pas notre amour.

- Il ne quitte pas tes pensées. Tu sors de ses bras, tu danses avec moi et tu me parles de lui. Comment va son couple ? Il paraît boiteux. Notre entente les irrite, c'est tout. De plus tu lui plais, il te désire et tu lui racontes tout. Je suis jaloux de ce confident : Que voulait-il dire en parlant de ton état; il saurait quelque chose que j'ignore : Serais-tu enceinte ?

- Hélas, pas encore, puisque nous voulons être mariés pour donner à notre enfant un vrai foyer. De toute façon tu seras le premier informé, c'est normal.

Quand nous quittons le bal, Roger nous rappelle le rendez-vous du dimanche 25.

- J'aurais préféré qu'ils m'oublient, me dit Sylvie sur le chemin du retour.

Ils constituent, paraît-il, un petit cercle fermé, en veille depuis le retrait de Gilles, le fondateur. Ils ont décidé de redonner vie à leur club à l'occasion du mariage de leur amie. Pour elle ils organisent une fête.

- Je crains que tu ne sois déçu. Il faut que je te mette en garde. Leur style n'a rien de ta discrétion naturelle. Je crains une mauvaise surprise sur le thème du mariage. Je les ai fréquentés. Quand Juliette les chauffe, l'ambiance dérape vite. On commence par des petits jeux innocents. Par exemple on bande les yeux des hommes, l'un après l'autre passe sa main dans les cheveux des femmes et doit soit retrouver la sienne ou donner un nom à chacune. Puis c'est au tour des femmes de reconnaître les hommes. On attribue des points. Ensuite, on devra reconnaître des mollets, ou des pectoraux. Les femmes enlèvent leur soutien- gorge et chaque homme, aveuglé mais guidé, tète les seins de toutes les femmes alignées, pour trouver la sienne ou reconnaître les autres.
Peu à peu on progresse vers le scabreux. Les petites mains doivent travailler les verges, à travers le slip ou slip baissé, toujours pour reconnaître les personnes soumises à la curiosité. Des nez reconnaissent des sexes féminins; on peut utiliser un doigt ou deux ou trois pour le même résultat. On se sert tantôt de ses mains, tantôt de ses lèvres ou de son odorat, parfois de sa langue. Pour faire renifler les petites culottes on les enlève, idem avec les slips. Le bandeau sur les yeux rend les choses plus faciles, on se laisse aller. Chaque étape marque une progression insensible. Ca peut se terminer en orgie, en séance d'échangisme. Ils sont tous d'accord. J'ai heureusement bénéficié un soir de la protection du chef qui m'a gardée pour lui. Les couples formés enlèvent les bandeaux! Dans ces combinaisons, Juliette déborde d'imagination. Le vainqueur certaines fois peut choisir sa ou son partenaire, et consommer sur place. Roger, tu l'as entendu, a annoncé un adoucissement des épreuves. Ca me fait craindre le pire. Ils sont tellement acharnés à nous séparer. Ils voudront me faire passer pour la reine des cochonnes à tes yeux ou tenteront de t'humilier devant moi. Il y a toujours un photographe ou un caméscope : De quoi te compromettre et t'obliger à continuer.
J'ai retrouvé du matériel de Gilles, leur ancien chef. Ca me met à l'abri de leurs tentatives de chantage. Voilà pourquoi je ne souhaite plus m'exposer. Oh ! Rassure-toi, j'ai eu la chance, si on peut dire, d'être la femme de Gilles : Il était curieusement très jaloux. Et pourtant il n'était pas le dernier à faire l'amour à l'une ou à l'autre, surtout à Juliette. On s'est fâché plus d'une fois. La mauvaise conduite de Rose, m'a rendu service, en un certain sens.
J'ai écouté attentivement ces révélations stupéfiantes. En province, qui l'eût dit, qui l'eût cru ?

- Je suis sidéré. Tu les connais, apparemment tu ne les approuves pas, mais tu continues à les fréquenter, à les traiter comme des amis. Ils m'ont pourri le mois d'octobre au bal et jusque dans cette maison. Tu aurais préféré qu'ils t'oublient. Mais quand Roger t'a rappelé le rendez-vous, tu n'as pas refusé. Alors, sachant ce que je sais, soucieux de respecter ta liberté, je refuse de t'accompagner à cette fête en ton honneur. Vas- y sans moi, si tel est ton plaisir et fais leur le plaisir d'annoncer ta décision de me quitter.
Tu as le droit de t'exposer à tous les dangers, j'ai celui de ne pas apprécier et d'en tirer les conséquences.

- Je ne souhaitais pas les heurter de plein fouet, ni les blesser inutilement. Je cherchais un moyen de me défiler, sans vexer.

- N'as-tu pas peur de blesser ta dignité ? Alors traite-moi de maître-chanteur, cède à la tentation, rejoins-les et oublie-moi, laisse-moi au regret de t'avoir perdue. Tu es pleine de prévenance avec Roger, tu ne veux pas le vexer. Je ne vais pas réclamer la même considération pour moi, le mari ne pèse pas lourd face à l'ami.

- Stop, maintenant. Viens ici, tourne-toi, accepte ce bandeau, touche cette tête. Qui se tient devant toi ?
Réponds ! Touche cette poitrine reconnais-tu la femme qui t'embrasse ? A genoux, enlève mon string et donne-moi le nom de mon parfum. Tu vois c'est amusant. Mais ces jeux te sont réservés, tu en as l'exclusivité.

- C'est-à-dire ?

- Je ne me forcerai pas à faire ces choses qui me répugnent en groupe. Mais je m'y livrerai volontiers avec un certain Paul, ici présent. Allez, profite de mes bonnes dispositions. A mon tour de porter le bandeau. Approche, mon délicieux jaloux. Ah ! Qu'est-ce que j'ai déniché ? Je crois savoir. Ca grossit dans la main, ça se tend, s'allonge. C'est nerveux, ça piaffe d'impatience. Ca réclame douceur, chaleur, humidité et caresse. Le prendrai-je en bouche ? C'est goûteux, c'est bon. Et si je le plaçais là, en bas ?
Collabore, pousse un peu. Mes doigts t'ouvrent le passage, entre. Que c'est bon. Mon amour.

Une semaine sans incident. Sylvie n'a pas opposé de refus. Ils n'ont pas voulu nous indisposer avant leur mise en scène. Nos préparatifs se sont faits dans un climat heureux et laborieux. Je n'ai pas entendu parler de Roger. Sylvie est amoureuse et s'amuse à ces facéties qui me dérident. Avec deux bandeaux ces jeux sont encore plus joyeux. J'ai des bleus dans les jambes, laissés par les coins des meubles. Sylvie aussi. Ce sont des marques à soigner avec douceur et dévotion, des prétextes à câlins. C'est aussi simple, il suffit qu'on nous fiche la paix et les nuages s'évanouissent.

Dimanche 25

A midi, Sylvie a téléphoné à Georges, le moins bavard du groupe, pour lui signaler que « son état » ne lui permettait pas de participer à la fête. Comme le demande le prévenant Roger, elle applique ses recettes : Elle profite du week-end pour se reposer. Nous avons fermé toutes les ouvertures, pour laisser croire que nous sommes absents. Nos bienveillants amis apprendront avec joie que nous ménageons « une femme dans cet état ».

- Ils auraient réussi à nous séparer avec leurs histoires. J'ai eu peur à plusieurs reprises. Heureusement que nous nous aimons.

- J'ai bien failli renoncer le jour de l'achat du tailleur.

- Et moi j'ai failli craquer au bal en te voyant valser avec Véro. Je n'avais pas fait le lien avec mon double tour avec Roger. Il a dû vouloir me piéger. N'y pensons plus. Les volets sont baissés et calés. Nous devrions ouvrir une fenêtre près de l'entrée. Je suis sure que nous aurons de la visite aujourd'hui.

- Oublions-les. Demain, il faut choisir la destination de notre voyage de noces. As-tu consulté les prospectus ?

- Entre Grèce, Egypte, Tunisie ou Maroc que préfères-tu ?

- J'ai visité la Grèce.

- Roger et Juliette voulaient nous servir de guides au Maroc, ils ont déjà leurs billets.

- Est-il indispensable de subir leurs ritournelles, de les entendre démontrer notre peu de chances de vivre longtemps ensemble ? L'Egypte m'attire, je remonterais volontiers le Nil.

Nous avons eu raison de boucler la maison : Deux portières de voiture claquent. On sonne, on sonne encore. Le doigt appuie longuement. On appelle :

- Sylvie, tu es là ? Montre-toi. Paul, allo, Paul.

Ils sont deux, commencent le tour de la maison, cognent sur chaque volet et Roger appelle. Ils reviennent devant le sas et passent leurs nerfs sur la malheureuse sonnette. Un individu peste.

- Bon dieu, elle n'est pas là. Comment as-tu fait pour la laisser filer; tu t'es absenté ?

- Je suis allé au PMU, mais pas plus de cinq à dix minutes. Le temps de déposer ma grille, je n'ai même pas bu une bière.

Sylvie me souffle : c'est André.

- Fallait pas, tu devais les surveiller. Que va dire Gilles ? Ca va barder. Tiens, le voilà, il s'impatiente. Merde, va à la voiture, attends-moi.

- Alors, ils ne sont pas là ?

- Non, tu veux que je force une porte ?

- Pas question. Rien d'illégal. C'est con, on avait l'occasion de dégoûter le cocu. Avec le programme de Juliette, bien épicé, elle serait passée pour la reine des salopes et il l'aurait plaquée vite fait.

- On pourrait reporter la séance à demain ou après-demain.

- Non, on va aller s'amuser. Mais ce crétin d'André va payer. On va le ligoter, il ne pourra rien faire et devra regarder. Et toi, pour payer ce ratage, tu devras t'envoyer publiquement sa grosse Marthe., pendant que je gâterai ta Juliette. Maintenant il va falloir sortir la grosse artillerie pour empêcher ce foutu mariage Il faut que cette fille de pute paie notre divorce.

- Quand je pense à tous les efforts que j'ai faits pour les séparer. Elle est follement amoureuse. A plusieurs reprises je lui ai proposé la botte sans succès; elle ne veut pas coucher. Je lui ai déconseillé le mariage avec un cocu forcément trop jaloux, je lui ai dit de rester à la colle, je lui ai proposé de lui faire un rejeton. Rien. J'ai désorganisé ses soirées, inventé une histoire de compensation de cours pour qu'il suppose qu'elle le trompait avec moi, j'ai fait déplacer une réunion de profs pour la mettre en retard à ses rendez- vous. On l'a entraînée seule à l'achat de sa tenue, on a espionné ses sorties pour les emmerder au théâtre ou au bal. Enfin, hier j'ai cru toucher au but en lui faisant manquer à sa règle. Elle m'a fait une confidence intéressante…

Une moto passe au ralenti, nous n'entendons pas la suite. Sylvie broie ma main.

- Cet abruti ne bouge pas, ne se fâche pas, il est mou comme une chiffe. Qu'est ce qu'elle peut lui trouver ? Serait-elle devenue frigide ?

- Bon, on ne va pas continuer à se les geler, c'est fichu pour aujourd'hui : Elle a senti que ça se passerait mal pour elle. Ce n'est que partie remise. Faute de la baiser, je lui baiserai la gueule. Allez, à la fête, je sens que nos femmes auront du plaisir. Je veux les voir pisser de bonheur. Et si tu refilais une gamine à ce cocu, ça marcherait peut- être mieux dans ce sens'

- Juliette lui en a mis une dans les pattes hier; une sacrée rapide pourtant. Ce cocu n'a pas marché. Ce sont deux amoureux fous. La gamine s'est ouvertement offerte, l'a flatté, lui a proposé une virginité supposée mais perdue depuis belle lurette. Il n'a même pas relevé. La fille en a pleuré de rage. Cette idiote se prétendait irrésistible. J'ai dû la consoler après le bal, avec la bénédiction de ma femme. Tu aurais vu frétiller la sauterelle quand je l'ai prise. Une chaude de partout, qui sait remuer autre chose que les sentiments. D'ailleurs j'ai son adresse, si tu veux… Ils s'éloignent.

- Ciel ! Il est beau, l'ami sincère. Il m'a manipulée. Par touches successives, il a rendu ta vie difficile. Il a fait le nécessaire pour te décourager. Quand j'additionne tous ces détails, je me rends compte de ma stupidité. Je marchais dans ses plans et tu encaissais les coups, sans te plaindre ou presque. Pauvre chéri pardonne-moi. Tu as eu une patience incroyable
- Plus d'une fois j'ai failli te quitter. Il me devenait insupportable de te voir soumise à leurs désirs. Je l'ai d'ailleurs manifesté par ma mauvaise humeur. Finalement ce Roger travaille pour Gilles et un peu pour lui
- Gilles est mû par un esprit de vengeance et non par amour. Tu as entendu, il veut me faire payer le divorce. Me salir à tes yeux, te forcer à désespérer et à m'abandonner. C'était l'enjeu de leur fête. J'ai eu chaud.
- Et la semaine risque d'être dure. Ils vont « sortir la grosse artillerie ». Il va falloir s'accrocher. Faisons ce que nous avons prévu, mais nous devons refuser toute décision nouvelle. Je ne tiendrai aucun compte de leurs provocations, je ne dévierai pas du but.
- Je serai plus attentive pour éviter leurs pièges. Nous avons un avantage sur eux désormais, nous connaissons leurs intentions et nous savons qu'ils sont prêts à tout pour réussir. Ils ne savent pas que nous les avons entendus. Je te jure que je ferai attention. Au moindre doute, je viendrai t'embrasser pour t'alerter.
- C'est un excellent signal. J'en ferai autant. Oublions les incidents passés. Je te fais confiance, fais-moi confiance et n'oublie jamais que je t'aime.

A trop vouloir nous séparer, ils nous ont rapprochés, moralement et physiquement. Dommage pour eux, ils n'assisteront pas aux manifestations de tendresse et d'amour de cet après-midi.

Lundi 26/10

Je suis en congé. Sylvie assure ses derniers cours avant les vacances de Toussaint. Elle assistera à un pot d'anniversaire de 17 à 18 heures.
A l'agence de voyage, on me félicite pour notre mariage et on me tend des billets. Nos amis Juliette et Roger ont retenu deux places pour nous. Il ne me reste plus qu'à payer le voyage et le séjour au Maroc.
Je m'évertue à faire comprendre que cela ne me convient pas: je n'ai rien demandé, je ne paierai pas. A bout d'arguments je menace de m'adresser à un concurrent. Le directeur de l'agence me trouve un vol pour Alexandrie, mais avec 24 heures de décalage. J'obtiens même de conserver jusqu'à samedi les billets à destination du Maroc, pour les montrer à la mariée.
En fin de matinée arrive le courrier. Ma première enveloppe contient une posthite signée: un ami qui te veut du bien. L'une, prise devant la grille du lycée a surpris une accolade de Sylvie et Roger. Sur la seconde, les deux mêmes pénètrent à l'Hôtel central. La troisième montre un chiffre 7 sur une porte; sur la dernière, vue de dos, une blonde nue chevauche un homme nu, couché sur le lit, on distingue le visage de Roger. L'intention de l'expéditeur est claire.
La deuxième lettre vient de Bruxelles, elle est destinée à Sylvie, l'enveloppe est froissée, la date d'expédition illisible. Le cachet de l'expéditeur désigne un laboratoire d'analyse médicale. Me revient à l'esprit le mot de Roger : L'état de Sylvie.
Aurait- elle un problème de santé à me cacher? Délicatement je commets une indélicatesse. Mais le souci de la santé de ma fiancée l'emporte sur les autres considérations.
Le papier à l'entête du laboratoire doit être une copie effectuée avec une imprimante en mauvais état de fonctionnement. Je découvre avec stupeur la confirmation de la grossesse de deux mois de madame Sylvie… la recherche de paternité, sur les prélèvements présentés, exclut le donneur B+; à 99,99% le père est le donneur O+.
Suivent les compliments et vœux pour la mère et l'enfant et les remerciements pour le père qui a signé le chèque. Le formulaire ne veut pas entrer dans l'enveloppe, un petit carton blanc fait obstacle. Je le tire, c'est une carte de groupe sanguin O+ au nom de Roger. Ma première sueur froide se transforme en grosses gouttes de transpiration qui dévalent de mon front et de ma nuque. La terre se dérobe sous mes pieds, je m'affale dans mon fauteuil. Et je pleure
Ce n'est pas possible, à quel jeu cruel Sylvie joue-t-elle depuis des mois ? Quand va-t-elle m'annoncer qu'elle ne veut pas se marier avec moi ? Samedi ? Pourquoi fait-elle procéder à une recherche de paternité. Le père de l'enfant à naître serait donc Roger, d'où sa sollicitude. Mais avec qui a-t-elle encore couché, qui est l'individu de groupe B+, envisagé comme possible géniteur ? Serait-ce Gilles ? Elle n'a même pas supposé que je pourrais être le père. Je suis doublement cocu. Elle fréquente eux autres hommes. Voilà le pourquoi de la multiplication des retours tardifs. Je n'ai rien vérifié, je lui faisais confiance, elle en a profité. Que faire, laisser la lettre refermée sur son bureau et attendre? Aura-t-elle l'effronterie de m'épouser dans cet état et avec la bénédiction du si prévenant Roger ? Je comprends mieux l'ami qui me veut du bien.

Je ne suis pas au bout de mes surprises. Vers seize heures je reçois la visite de Juliette.

- Bonjour, Paul. Félicitations, petit cachotier.

- Bonjour, Juliette. Qu'est-ce que je cache ?

- Alors on va être papa et on ne dit rien à ses amis. Félicitations. Tu en fais une tête! Ca ne te fait donc pas plaisir ?

- Mais qui a commis une indiscrétion ? Nous avions pourtant résolu de ne pas en parler avant le mariage.

Autant faire comme si je savais; j'aurai l'air moins bête.
- Sylvie est tellement heureuse d'être enceinte. Elle n'a pas pu s'empêcher de le dire à Roger, samedi, au bal. Tu te souviens des deux séries de danses: elle était en train de lui faire des confidences. Par chance j'ai photographié cet instant merveilleux pour elle. Là, elle regarde Roger avec un air heureux comme si c'était lui le père; je pourrais en être jalouse, si Roger était coureur. Ici, il lui passe la main sur le ventre, on dirait qu'il veut sentir son bébé. C'est bizarre, hein.
Je te fais cadeau de ces deux photos, tu pourras les coller au début de l'album de ton petit. Alors, vous êtes toujours d'accord pour venir avec nous au Maroc' Dans son état Sylvie n'aura pas trop de deux hommes.
- Oui, attends, je te montre nos billets. Merci d'avoir passé la commande.

- C'est parfait. A bientôt. Je suis contente pour toi, il faut que je t'embrasse.

Un gros baiser, à la Russe conclut l'entretien. Je n'aurais pas besoin de pousser bien fort pour l'allonger sur mon lit. Ses yeux m'y invitent. Gilles la féliciterait. Et Sylvie? Elle fait peut-être partie du complot.

Elle m'avait assuré que je serais le premier informé. Avant la réception du certificat médical, elle s'est confiée à l'autre. Il a été le premier averti, il est confirmé dans son statut de père par le labo. Et moi, le futur mari, je sais à la suite d'indiscrétions. Retards, fatigue, choix du tailleur, projet de voyage plus ces photos: tout porte à croire que je suis le dindon de la farce.
Sauf, sauf les propos de Roger le 14, quand il proposait de faire le petit; ça ne colle pas avec une grossesse de deux mois. Et ses déclarations d'échec faites à Gilles, hier. Quelque chose n'est pas cohérent.

Je me suis tu trop longtemps. Il faut que je sache.
Je bondis dans ma voiture. J'attends vevant les grilles la sortie du lycée. Voilà un groupe de profs. Sylvie est au milieu. Au passage de la grille, je l'appelle, elle se retourne, me fait un signe de la main et continue son chemin. Je perds mon sang froid, fends la troupe et saisis sa manche

- Mais Paul, que fais-tu là ? Tu sais bien que je vais au pot offert par Gilberte. Qu'est-ce qui t'arrive

Roger intervient, amant protecteur dans son rôle à mes yeux

- Voilà un futur marié bien impatient. Elle sera à toi dans une heure, ne bouscule pas une femme dans cet état!

- Quel état, à la fin. Chérie, c'est ton état qui m'inquiète.

Tout le groupe s'est arrêté.

- Mais je vais très bien et je te demande juste une heure pour fêter avec mes collègues. Ca ne peut vraiment pas attendre ?

Ces abrutis applaudissent :
Allez Sylvie, allez Sylvie

Je l'embrasse. Elle ne réagit pas.

- Viens, c'est trop grave pour en parler en public.

Bon dis-moi vite de quoi il s'agit. Hé ! Marchez, je vous rejoins tout de suite.

Ils avancent, à l'exception de Roger

- Ne te laisse pas réduire en esclavage, n'obéis pas au chantage.

Cette fois je marche sur lui, les poings serrés, rouge de fureur, il recule et Sylvie s'accroche à mon bras. Que craint-elle ? Que je casse la figure à son amant ? Un scandale devant le rassemblement de profs et d'élèves.

- Tant pis pour toi. Tu l'auras voulu.

Je rejoins ma voiture.

Sylvie me rattrape :

- Tu as intérêt à avoir une bonne raison de m'humilier devant tout ce monde. Sinon, c'est moi qui.

- Lâche ma portière. Maintenant je sais ce qui compte pour toi. Pourquoi as-tu attendu aussi longtemps pour me l'annoncer ? Il aura suffi que je te prive d'une heure de présence de ton amant pour que tu te décides à tirer les choses au clair. Et dire que je me souciais de ton état, ton état connu de Roger. Je t'attendrai dans une heure pour une dernière explication. Tu me dois bien ça ?

- Mais tu divagues. Tu m'effrayes. Va.

En route, la voiture de Sylvie me dépasse. Nous arrivons ensemble, entrons. Elle scrute mon visage.

- La situation est grave. Je t'ai embrassée comme convenu. N'as-tu pas compris' Depuis ce matin je vais d'ennui en ennui. J'attends la réponse à une seule question, pour rompre si nécessaire.

- Donc tu cherches un prétexte pour rompre. Que me reproches-tu. Je t'aime.

- Es-tu enceinte ?

- Pas plus aujourd'hui que samedi, mon chéri. Pourquoi insistes-tu ?

- J'ai reçu la visite de ton amie Juliette. Elle est venue me féliciter de ta grossesse.

Sylvie rit. Pourquoi ?

J'aurais aimé apprendre la nouvelle de toi et surtout avant Roger qui le sait depuis samedi et le raconte urbi et orbi. Ces deux photos illustrent le moment où tu lui annonces l'heureux événement. En principe, le père est le premier averti. C'est donc lui le père ? Ca ne vaut pas une explication ?

Pardon Paul, je vais t'expliquer et te rendre la paix.

- Pourras-tu aussi m'expliquer le contenu de cette lettre. Juliette m'a ouvert les yeux, j'ai cru bon de m'inquiéter de ta santé et j'ai ouvert ton courrier parce qu'il venait d'un laboratoire belge Ce courrier désigne Roger comme père de ton enfant.

- C'est quoi, cette histoire ?

- Lis ta lettre.

Elle lit, tourne et retourne le papier, me regarde.

- Je ne comprends pas, je n'ai rien demandé à ce laboratoire.

- Nie, c'est de bonne guerre. Dans l'enveloppe, il y a la carte de groupe sanguin du père qui accompagnait l'échantillon. Tu as hésité entre Roger et un autre amant de groupe sanguin B+.
Je suis donc doublement cocu.

- Ne saute pas trop vite aux conclusions.

- Il te faut d'autres preuves : Ceci est le courrier d'un ami qui me veut du bien. C'est une preuve par l'image : Tu embrasses ton amant, tu l'entraînes au Central, dans la chambre 7 et vous vous faites photographier en pleine action, pour garder un souvenir de vos ébats. Que faut-il de plus ? On reconnaît parfaitement le visage de l'homme ! Tu nies encore, je n'avais pas une bonne raison de troubler tes festivités ?
Sylvie est blanche, désolée. Elle remue les preuves accumulées

- Tu as bien fait. J'aurais dû comprendre dès que tu m'as embrassée. Mais je nie tout ça. Ma conscience est tranquille. Je vais te donner des preuves, sois patient. C'est la grosse artillerie de Gilles et Roger : Un ensemble accablant pour me déconsidérer. Tu m'aimes ? Fais-moi confiance.

- Je souhaite de tout cœur te croire. Je viens de vivre l'enfer. J'ai honte de douter de toi, mais l'omniprésence du couple de Roger me fait perdre la tête.

- Regarde mon dos. Tu y vois un tatouage ? Non ! Regarde le dos de la fille assise sur Roger, que vois-tu ?

- Eh ! Oui, un papillon tatoué. Ce n'est pas toi. Pardon.

- Direction la pharmacie. Tu m'attendras dans l'auto. C'était tout ?

- Il y a encore ces billets pour notre voyage de noces avec le papa au Maroc, que tu as fait commander et qu'il ne me restait plus qu'à payer

- Je n'avais rien commandé. Roger n'est pas le père de mon enfant. Tu as reçu une bonne dose de nouvelles alarmantes, mon pauvre amour. Je vais éclaircir tout ça. Et maintenant, c'est tout ?

- Tu oublies le comportement de Roger, son insistance à parler de ton état et de ma brutalité, ses allusions à un chantage, ses incitations à refuser l'esclavage : Tu acceptes facilement sa conduite, alors que tu me menaces. Pourtant hier tu aurais dû apprendre qui il est vraiment.

- Toi je t'aime, lui m'est indifférent, il peut raconter ce qu'il veut, la bave du crapaud n'atteint pas la semelle de mes escarpins ! Est-ce que je pouvais deviner tout ce que tu m'as révélé ce soir ?

Elle sort de la pharmacie avec un paquet.

- C'est un test de grossesse analysis, dans quelques minutes tu sauras tout. Tu vas lire le mode d'emploi et assister au test.

- Qui est-ce deuxième homme, B+ ?

- Je crois que c'est toi, mon chéri.

- Mon groupe sanguin n'est pas B+ mais A-.

- C'est la clé de toute la mise en scène. Le test d'abord. Regarde, j'urine sur la plaquette. En lecture directe, tu constates ici que le test est négatif. Pas d'enfant, pas de père. Nous répéterons le test, pour éviter toute erreur. Ca va mieux ? Leur construction s'écroule. Je ne peux pas t'en vouloir. Roger m'avais demandé si je connaissais ton groupe sanguin, je lui ai dit B+ au hasard ! Ils ont trafiqué un test de Juliette. Gilles devait être de groupe B+. Samedi, Roger voulait que je te quitte. Pour qu'il me fiche la paix, je lui ai dit que j'étais enceinte de toi, que nous devions nous marier.

- Tu aurais pu me le dire.

- As-tu remarqué le mauvais état du courrier du labo ? Ca sent le montage. Quand nous laisseront-ils en paix ?

- J'ai eu peur de t'avoir perdue. J'ai imaginé, j'en ai honte, que.

- Que j'étais leur complice ? Ce n'est pas étonnant. Rassure-toi, je t'aime. Je suis embêtée pour notre voyage de noces. Ne pourrions-nous pas annuler ?

- je t'adore, regarde, je déchire les billets pour le Maroc.

- Sylvie proteste, je brandis les billets pour l'Egypte. Nous pouvons nous aimer.

Marie, notre fille est née en fin juillet.